Alors qu’un insoluble trafic empoisonne la vie de certains quartiers du nord-est parisien, une équipe de « Complément d’enquête » (magazine diffusé sur France 2) s’est rendue à Louga, d’où viennent de nombreux trafiquants de la capitale française.
Louga, au nord du Sénégal, à 4 000 kilomètres de Paris. Ce qui saute aux yeux en arrivant dans cette ville de 100 000 habitants, ce sont les chantiers qui poussent à tous les coins de rue. Partout, des maisons en construction, au milieu d’autres habitations bien plus modestes.
Selon Mica, un jeune informaticien qui a grandi ici, ces demeures flambant neuves sont construites grâce à l’argent de la diaspora, des dizaines de millions d’euros envoyés chaque année, de France notamment. Une partie est gagnée légalement, une autre serait issue du trafic de drogue. »Une partie des maisons ici, c’est de l’argent sale. Beaucoup d’entre elles, ça vient du crack. C’est connu, mais les gens ne le disent pas, c’est tabou. »Pour l’instant, Junior, 25 ans, est encore à Louga. Mais il a déjà planifié son avenir. Il veut partir à Paris pour rejoindre ses grands frères qui y vendent du crack. C’est le seul moyen d’avoir de l’argent rapidement en France, explique-t-il. « Pendant cinq ans, je m’associe avec mes frères, après je reviens, et avec cet argent, je construirai des maisons, je ferai des investissements, j’ouvrirai une quincaillerie… »Junior a déjà commencé à « apprendre le métier » à distance. Lors de leurs appels vidéo, ses frères lui ont montré comment fabriquer le crack, comment scotcher les pochons et les cacher dans la bouche… Pour entrer en France illégalement, il prévoit d’utiliser une carte de séjour portugaise que doit lui faire parvenir un passeur. Il lui en coûtera 6 800 euros, une dette qu’il compte rembourser avec l’argent de la drogue.