La Coalition des organisations en synergie pour la défense de l’école publique (Cosydep) s’interroge sur la pertinence de mettre une enveloppe de 10 milliards sur des tenues scolaires alors que l’école sénégalaise fait face à de nombreux défis. Selon le Directeur exécutif de cette organisation, «la mobilisation de 10 milliards pour acheter des tenues scolaires pose au moins trois questions». D’après Cheikh Mbow, Directeur exécutif de la Cosydep, «la première, c’est la priorité de l’opération face aux défis prégnants qui ont pour noms : résorber les abris provisoires, la question enseignante avec les querelles pour solder le passif, la mise aux normes de l’environnement des apprentissages» en termes de sécurité, d’eau, d’hygiène, garantir la continuité des enseignements en situation d’urgence surtout pour les plus défavorisés, etc..
Concernant ce dernier point, M. Mbow souligne qu’il y a au moins «40% des écoles qui sont sans toilettes, 2/3 d’écoles qui n’ont pas d’eau potable, une école sur deux qui n’est pas sécurisée». Face à cette situation, M. Mbow pense que si «le système éducatif a 10 milliards (de francs Cfa), on devrait réfléchir sur la priorité».
Toutefois, le Directeur exécutif de la Cosydep estime que si malgré tout le ministère de l’Education nationale veut mener cette opération, il faudrait «réfléchir sur le dispositif inclusif participatif et transparent». «Il faut que cela soit exclusivement transparent, c’est cela qui devrait soutenir son exécution. Ce sont des marchés qui devraient être gérés au niveau décentralisé, au niveau local», a-t-il insisté.
La Cosydep s’interroge également sur la capacité à assurer la durabilité de cette opération. «Quand le gouvernement dit qu’on met 10 milliards (dans les uniformes scolaires), on comprend que ça va démarrer avec 10 milliards. Et les autres années quand les enfants devront avoir d’autres tenues, est-ce qu’on ne va pas faire supporter les coûts aux familles qui sont déjà étouffées ? Les familles dépensent déjà beaucoup pour les fournitures. Il ne faut pas que cette opération puisse reposer sur elles», a plaidé Cheikh Mbow.
Vendredi dernier, le ministre de l’Education nationale, Mamadou Talla, celui de l’Artisanat, Pape Amadou Ndiaye, et le Délégué général à l’entrepreneuriat rapide, Pape Amadou Sarr, se sont retrouvés aux Sphères ministérielles de Diamniadio pour discuter de la mise en œuvre de la directive présidentielle sur le port systématique de tenues scolaires dès octobre prochain. Le président de la République avait fait cette annonce lors du Forum emploi des jeunes dans le but de soutenir le secteur de l’artisanat.
10 milliards de francs Cfa seront mobilisés pour l’achat de tenues scolaires. Cela fait suite à la directive présidentielle du port systématique des tenues scolaires dès la rentrée prochaine. A cet effet, le ministre de l’Éducation nationale a reçu son collègue de l’Artisanat et le directeur de la Délégation à l’entrepreneuriat rapide pour discuter de la mise en œuvre de la directive.
Par Badé SECK – C’est une révolution qui s’annonce à l’école avec la généralisation du port des tenues scolaires. Les ministres de l’Éducation nationale et de l’Artisanat, et le directeur de la Délégation à l’entrepreneuriat rapide se sont retrouvés hier à Diamniadio pour discuter de la mise en œuvre de la directive présidentielle sur le port systématique de tenues scolaires dès octobre prochain. Le ministre de l’Education nationale explique : «Partout où le port de la tenue scolaire a été rendu obligatoire, il a été établi que cette disposition constitue un levier important pour créer une atmosphère de travail et de discipline.» Mieux, ajoute M. Talla, «le fait de porter la même tenue développe un sentiment d’appartenance à un même groupe social. Il permet aux élèves d’installer de bonnes habitudes comportementales, de développer le savoir-vivre, mais surtout de se concentrer sur les études en évitant d’accorder de l’importance à l’aspect matériel ou au port vestimentaire des camarades».
L’option retenue par le ministère de l’Education nationale est de prévoir deux chemises pour les garçons et deux blouses pour les filles. Ces tenues doivent être conçues avec un tissu en coton et se limiter aux couleurs de base retenues, à savoir bleu, beige, vert, jaune.
Pour l’instant, le choix de la couleur est laissé à l’appréciation des Inspections d’académie qui valident en même temps le spécimen proposé. Mais le ministère de l’Education nationale, en collaboration avec celui de l’Artisanat et de la transformation du secteur informel, et les structures de l’Etat compétentes, assurera un accompagnement technique et financier pour la disponibilité des tenues. Les collectivités territoriales, les Cge et les partenaires de l’école vont également accompagner la mise en œuvre de l’initiative.
Cette dynamique, engendrée par le port de la tenue scolaire, est un levier apte à contribuer à l’amélioration de la qualité de l’éducation.
La mise en œuvre de cette initiative requiert la participation et la mobilisation de tous les acteurs de l’école. «Chaque acteur devra jouer un rôle particulier dans la campagne de sensibilisation, la mobilisation des ressources matérielles, humaines et financières», a soutenu Pape Amadou Ndiaye, ministre de l’Artisanat et de la transformation du secteur informel. «Les artisans locaux devront être fortement mis à contribution dans la confection des tenues scolaires», ajoute-t-il.
Dans la première phase de la mise en œuvre qui concerne les écoles publiques du préscolaire et de l’élémentaire, le port de tenue scolaire doit être mis en application dès la rentrée scolaire 2021-2022. Pour le moyen-secondaire, les pratiques en cours seront consolidées en vue de bénéficier de l’accompagnement de l’Etat dans une seconde phase. Concernant les écoles du secteur privé, les initiatives en cours seront poursuivies pour une généralisation prévue à la rentrée scolaire 2023-2024.
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