Un vaste réseau de fraude a été démasqué par la Douane sénégalaise au Port autonome de Dakar, mettant en lumière une fraude massive ayant causé un préjudice estimé à 8 milliards de FCFA au Trésor public. Cette affaire, qui s’étend sur une période de quatre ans, de 2019 à 2023, implique des importations non déclarées et l’utilisation de faux instruments de paiement.
Les investigations initiales ont révélé l’existence d’une chaîne d’importations frauduleuses, où des marchandises entraient sur le territoire sans être soumises à la déclaration obligatoire ni au paiement des droits et taxes. Cette opération illégale s’appuyait sur l’utilisation de faux chèques, notamment des chèques du Trésor présumés falsifiés, ainsi que des chèques émanant de la Direction de l’ordonnancement des dépenses publiques et d’obligations cautionnées.
Les autorités douanières, alertées par des renseignements, ont mené une enquête approfondie, s’appuyant sur le système « Gaindé », une plateforme technologique utilisée pour la gestion des procédures douanières. Ce système a permis de retracer toutes les transactions suspectes et de révéler l’ampleur de la fraude. Les premières conclusions montrent que le réseau de fraudeurs a profité de ces mécanismes illicites pour éviter les paiements dus à l’État, aggravant ainsi les pertes financières.
En parallèle, la Division des investigations criminelles (DIC) a ouvert sa propre enquête. Celle-ci a permis l’arrestation d’un des bénéficiaires de ces faux chèques. Un transitaire, également impliqué dans cette affaire, a été appréhendé par la Douane et placé sous contrôle judiciaire. Le parquet a rapidement réagi en réclamant l’ouverture d’une information judiciaire pour divers chefs d’accusation, incluant l’importation de marchandises prohibées, l’importation sans déclaration, le blanchiment de capitaux, le détournement de deniers publics, ainsi que la falsification de documents bancaires.
L’enquête, toujours en cours, fait apparaître une organisation bien structurée au sein du port, facilitant des sorties illégales de marchandises grâce à des documents falsifiés. L’arrestation de Khadim Bâ, PDG de Locafrique, pour une infraction douanière liée à la réglementation des changes, ainsi que celle de l’homme d’affaires Alioune Badara Ndiaye, dit « Badou Ndiaye », s’inscrivent dans ce vaste coup de filet des autorités. Leur implication, bien que distincte, souligne la présence d’un réseau influent dans le secteur portuaire.
Les autorités continuent de travailler en étroite collaboration pour démasquer l’ensemble des responsables et récupérer les fonds détournés. Le Port autonome de Dakar, plaque tournante du commerce en Afrique de l’Ouest, se retrouve ainsi au cœur d’une enquête complexe mêlant acteurs privés et publics, avec des répercussions potentielles sur la transparence et la gouvernance économique du pays.