En reprenant la majorité du capital de la Bicis, le Sénégalais, Pathé Dione, va mettre en place la plus grosse banque locale détenue par des Sénégalais. Macky Sall, qui a toujours rêvé de voir des champions nationaux dans la finance, l’a fortement soutenu.
Par Mohamed GUEYE – Les champions de la préférence nationale devront être satisfaits. Macky Sall, qui a poussé dans l’ombre pour écarter en douceur les Burkinabè qui se positionnaient pour la reprise de la banque, ne peut aussi que se frotter les mains. Les spéculations sur le départ du Sénégal des Français de Bnp Paribas, ont abouti à la reprise, par la société franco-sénégalaise Sunu investment holding Sa (Sih), des parts du banquier français dans la Banque internationale pour le commerce et l’industrie du Sénégal (Bicis).
La société dirigée par le Sénégalais Pathé Dione vient ainsi de poser un jalon important dans son ambition de se constituer un important groupe bancaire sur le continent. Jusque-là, Sunu était plus connue pour son activité dans l’assurance. Mais son activité dans la banque, au sein de la zone Uemoa déjà, n’était pas négligeable. Il faut dire que la Sih contrôle 70% du capital de Sunu Bank Togo, ex-Banque pour l’épargne et le commerce du Togo. Elle détient également 18% environ de la Bicici ivoirienne dont elle est le second actionnaire après Bnp Paribas.
Pourtant, avec le rachat des 54,11% des parts détenues par la Bnp Paribas, Sunu va permettre à la Bicis de devenir ainsi la première grande banque à capitaux majoritairement contrôlés par des Sénégalais. En ajoutant les 54,11% des parts de Pathé Dione aux près de 25% détenus par l’Etat du Sénégal, ce sont ainsi près de 80% des actions de la Bicis qui sont entre les mains de Sénégalais, si l’on y ajoute les autres petits actionnaires nationaux.
Et Pathé Dione ne s’y est pas trompé en utilisant cet argument pour vendre son projet auprès des dirigeants sénégalais, et notamment du chef de l’Etat. Macky Sall, qui a reçu l’homme d’affaires le 16 mars dernier, n’a pas hésité à donner son onction. Ce qui est tout à fait logique, si l’on se souvient que c’est le même chef de l’Etat qui s’est battu pour la mise en place de la Banque nationale pour le développement de l’économie (Bnde). Macky Sall a toujours été conscient des difficultés des entreprises sénégalaises à obtenir des financements. Les deux banques, entièrement nationales, n’ont pas les capacités suffisantes pour couvrir les besoins importants exprimés par les Pme et Pmi. L’apport de la Bicis, détenue par Sunu, ne sera pas négligeable. Déjà, Sunu, avec son réseau d’assurance et son partenariat avec la société de microfinance Kajas, qui est bien implantée au Sénégal, ne perdra pas de temps avant de devenir vraiment opérationnelle.
Le communiqué conjoint de la Bnp Paribas et de Sunu indique que «la mise en œuvre de cet accord est soumise à l’obtention des autorisations règlementaires en vigueur». Ayant reçu l’onction du chef de l’Etat du Sénégal, il serait incroyable que la Commission bancaire de l’Uemoa vienne s’interposer dans cet accord.
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