Les rideaux sont tombés ce vendredi 10 mars sur le colloque régional sur les transitions démocratiques en Afrique de l’ouest. Organisé par le Think tank AfrikaJom Center d’Alioune Tine, ce colloque a réuni pendant trois jours à Dakar (les 8, 9 et 10 mars 2023) plusieurs sommités de la société civile africaine. Au terme de leurs travaux autour de la démocratie et des transitions dans la sous-région ouest africaine gravement secouée par des tensions politiques devenues une gangrène métastasée, les acteurs de la société civile africaine ont lancé, depuis Dakar, un appel aux chefs d’Etat et autres organismes régionaux. Ils ont ainsi formulé les 14 recommandations suivantes pour repenser en profondeur la démocratie et les transitions politiques en Afrique de l’ouest.
1-Promouvoir l’éthique, la garantie de la transparence et la sécurité humaine en liant d’une part la démocratie, l’Etat de droit et l’économie, mais aussi par l’effectivité des droits sociaux, économiques et culturels par la mobilisation de l’intelligence collective tout en misant sur les richesses endogènes ;
2-Travailler davantage pour garantir l’indépendance de la justice et du pouvoir judiciaire et mettre fin à l’instrumentalisation de la justice à des fins politiques et répressives ;
3-Prévoir dans les constitutions africaines la possibilité pour le juge constitutionnel d’opérer un contrôle a priori ou préventif de constitutionnalité des lois référendaires avant leur soumission au vote, afin d’éviter les fraudes à la constitution et à la loi électorale qui font le lit aux troisièmes mandats, source d’instabilité chronique en Afrique ;4-Inscrire dans les constitutions la possibilité de destitution des élus qui ne sont plus en phase avec les aspirations et exigences du peuple, à travers des mécanismes de démocratie semi-directe (un vote d’initiative populaire, droit de pétition, droit d’interpellation populaire, référendum local, mandat impératif encadré…)5-Promouvoir l’éducation politique du peuple et des gouvernants, à la citoyenneté active, au patriotisme, au respect de la bonne gouvernance et de l’Etat de droit par l’institution de l’éducation civique à l’école ;6-Renforcer le rôle des Parlements nationaux et de la CEDEAO afin qu’ils se mettent au service de la paix et de la stabilité démocratique ;7-Faire intégrer dans le Protocole additionnel de la CEDEAO, la règle de la limitation du nombre de mandats présidentiels consécutifs à deux, afin d’épargner les pays des crises et des conflits dans la sous-région ;8-Inviter les pays en transition militaire à organiser une transition démocratique encadrée, inclusive et apaisée à travers l’ouverture de l’espace civique, le respect des libertés fondamentales et la libération des détenus politiques ;9-Renforcer le développement du leadership féminin ;10-Promouvoir la forte participation des jeunes à la délibération publique ;11-Renforcer la formation des organisations de la société civile à une citoyenneté africaine républicaine, patriotique, capacitaire et responsable ;12-Favoriser le développement de nouveaux mécanismes contre le présidentialisme excessif en Afrique en renforçant l’indépendance des organes de contre-pouvoir ;13-Inciter les Organes de Gestion des Elections à plus de neutralité, de transparence et de professionnalisme dans la conduite du processus électoral ;14-Mettre en relief le récit africain dans l’éducation, la culture et la mémoire collective.
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