Il sort des ascenseurs sis au 4e étage du Groupe Emedia pour une émission avec Dj Padros. Avant même d’entrer sur le plateau de « Sama Sénégal », il demande une natte de prière pour sacrifier à la prière de 17h. Pourtant, malgré ses études très poussées à l’enseignement coranique, il ne pouvait pas échapper au micro. Birame Dieng Salla, une voix de rossignol, choriste de Youssou Ndour depuis 2004, vient de sortir son premier album « Guis-guis ». L’enfant de Thiès revient sur son parcours, sa relation avec sa sœur Amy Collé, la polygamie, la paix sociale, etc.
De quoi parle votre premier album, Guis-guis » ?
« Guis-Guis » est un album de 7 titres avec des thématiques diverses et variées. J’ai chanté la confiance, l’amour, les marabouts, etc. Mais le morceau « Kan laay wolu » est le préféré des Sénégalais puisqu’il aborde un sujet d’actualité. Les réseaux sociaux sont devenus une source de problème entre les individus qui ne se font plus confiance.
Est-ce une chose que vous avez vécue ?
(Brin de sourire), je l’ai vécue, un proche aussi. Nous sommes des artistes, ce que nous chantons peut être un vécu ou tiré d’une réalité. C’est pourquoi j’exhorte les gens à être plus méfiants car, les gens sont différents et agissent différemment. D’où le titre de l’album « Guis-Guis ». Chacun à sa manière de voir les choses.
Pourquoi avez-vous attendu 8 ans après le démarrage de votre carrière pour sortir votre premier album ?
Tout est une question de destin chez Birame. Dieu a fait que je ne suis pas quelqu’un de pressé. Je suis très patient (il le répète). Pendant tout ce temps, j’étais en train de travailler, et Dieu a fait qu’en 2022, j’ai rencontré un producteur résidant aux Etats-Unis, en l’occurrence Samba Dioum de « Solution Music ». Il a porté son choix sur moi et a investi beaucoup d’argent pour produire mon premier album. Je rends grâce à Dieu. Je ferai tout pour la promotion de cet opus à travers des soirées, des concerts, dans les plateaux de télévision car les albums ne se vendent plus. La nouvelle trouvaille des artistes, c’est de faire des singles. J’ai opté pour un album pour montrer ce que je vaux et pour prouver que j’ai ma place dans la musique.
Pourquoi le label « Prince art » ne vous a pas produit d’autant plus que vous travaillez pour Youssou Ndour ?
J’aurais bien aimé qu’il me produise mais, ça n’a pas pu se réaliser. Dieu a décidé que ce soit « Solution Music » qui va produire mon premier album. Cependant, je travaille de manière professionnelle avec Youssou Ndour depuis 2004.
Que dites-vous à ceux qui soutiennent que c’est à cause de Youssou Ndour que vous avez tardé à sortir votre premier album ?
Ce sont de fausses allégations. Youssou Ndour est très généreux et il est loin d’avoir cette idée. Il a un esprit très ouvert. Tout ce qui l’importe, c’est le travail bien fait. Cet album est venu à son heure et avec le producteur, nous l’avons bien fait.
Avez-vous des ambitions de faire une carrière solo ?
Absolument. Je ne peux pas être éternellement dans l’ombre de Youssou Ndour. Le rêve de tout musicien, c’est de faire sa carrière solo un jour.
Est-ce que vous osez le faire ?
(Éclat de rire). Rien ne sert de courir, il faut partir à point. Chaque chose en son temps. Je ne suis pas du tout pressé. Mais, pour le moment, je travaille avec Youssou Ndour. Il me voue un respect énorme et je gagne bien ma vie à ses côtés. Je travaille et je gère ma carrière. Le reste est entre les mains de Dieu.
Vous faites partie des choristes vedettes de Youssou Ndour. Comment vous l’avez rencontré ?
C’est grâce au travail et à la bénédiction de mes défunts parents. C’est une lapalissade de dire que Youssou Ndour est une icône de la musique sénégalaise. Donc, personne ne peut l’influencer. S’il m’a choisi pour assurer ses chœurs, c’est parce qu’il apprécie ma voix et ce que je fais. Cela fait 18 ans que je suis avec lui. Ce qui veut dire qu’il croit en moi, en mes potentialités. Il reconnaît également mon sérieux dans le travail. Je suis natif de Thiès. J’ai débuté mon art au quartier Sam Pathé. J’ai commencé à chanter dans la lutte et lors des séances de faux lions. Je suis aussi percussionniste. Je chantonnais et on me disait que j’avais une belle voix. J’ai fait des études poussées à l’école coranique. Mais, je ne pouvais pas échapper au micro. C’était déjà écrit. Avec la bénédiction de mon père, j’ai mis en suspens mes études pour me consacrer entièrement à ma passion. Je suis issu d’une famille de griots. J’étais obligé de suivre le sillon familial pour chanter les louanges du Prophète Mohamed (Psl). Mais, à force d’imiter des chanteurs comme Youssou Ndour qui a toujours été mon idole, j’ai fini par tracer ma voie. Je chantais dans les cérémonies familiales de mon quartier. Plus tard, je suis venu à Dakar pour explorer mon art et ma passion. Au début, c’était difficile. Je ne m’en sortais pas. Je vendais même des miroirs pour avoir des profits. J’ai été repéré plus tard par Fatou Laobé à Yeumbeul. J’ai d’ailleurs participé à son premier album. C’est par la suite que j’ai fait la connaissance de Ndiaga Ndour. Il m’a mis en rapport avec Mbaye Dièye Faye et j’ai participé à son album dans les titres « Rass », « Blocage », « Mbaye Laye », etc. Ça a été un succès. Séduit par la puissance de ma voix, il m’intègre dans l’orchestre de Youssou Ndour en 2004.
Comment alliez-vous le travail entre l’orchestre « Super Etoile » et le Groupe Africa Band ?
(Pouf de rire) Comment vous avez su ? Non, c’est juste un groupe qui a été créé par notre grand Pape Cissé. Le but, c’est de rendre hommage aux pionniers de la musique sénégalaise, voire africaine, à savoir Baba Maal, Youssou Ndour, Ismaila Lo, Père Ouza Diallo, Thione Ballago Seck, Salif Keita, etc. C’est un groupe de variétés, mais ça n’entrave en rien notre travail chez Youssou Ndour.
Vous êtes catalogué comme quelqu’un de réservé ?
Je suis de nature calme. Quand on ne m’invite pas quelque part, je n’y vais pas, je suis comme ça. Ce n’est pas de la méchanceté ou de l’arrogance, mais c’est de la prudence.
Votre grande sœur, Amy Collé, se fait rare dans la scène musicale. Pouvez-vous nous donner de ses nouvelles ?
Pourtant, elle est toujours là. Mais vous savez, dans ce milieu, il ne suffit pas d’être bon chanteur pour percer. Le mal de la musique est plus profond.
Soyez plus explicite…
Le milieu est toujours comme ça. Tout le monde n’est pas mauvais, mais également tout le monde n’est pas gentil. Mais il faut tout laisser entre les mains de Dieu.
La nouvelle tendance chez les artistes, c’est de prendre une seconde épouse…
(Éclat de rire). C’est une tendance chez les musulmans, pas seulement chez les artistes. Tout homme musulman a le droit d’avoir jusqu’à quatre femmes.
Birame est-il monogame ou polygame ?
Monogame ? Que Dieu m’en garde !
Donc, vous êtes en discussion pour prendre une seconde épouse ?
C’est entre les mains de Dieu.
La situation politique est très tendue. En tant qu’artiste, quel commentaire en faites-vous ?
Nous n’avons que le Sénégal, donc nous ne souhaitons que la paix, rien que la paix. Nous exhortons les politiciens à promouvoir la paix et la concorde. Mon parti, c’est le Sénégal et celui qui travaille pour le développement du pays.
Propos recueillis par Adama Aidara KANTÉ8 février 2023