Trois mois d’emprisonnement ferme, c’est la peine infligée à Cheikh Sadibou Aïdara dit Chérif, poursuivi pour charlatanisme et escroquerie sur la somme de 2 600 000 de francs Cfa au préjudice de Aïssata Kane. Domicilié à Liberté 6, il a fait face au juge du tribunal des flagrants délits de Dakar ce mardi 18 janvier 2022.
Lors de son interrogatoire avec le juge, le prévenu a nié les faits qui lui sont reprochés. Devant le prétoire, le mis en cause a déclaré que la plaignante est venue la rencontrer pour guérir son fils malade. Après avoir examiné l’enfant, explique-t-il, il a découvert que l’enfant est possédé par une amante surnaturelle. Par la suite, mes djinns m’ont demandé la somme de 1,6 million de francs Cfa. Sur ces entrefaites et pour mieux faire mes prières, « je lui ai également demandé une somme de 900 000 francs CFA pour l’achat d’un bœuf qu’on devrait immoler pour le bien de son fils. J’ai donné toute la viande en aumône et j’ai gardé seulement les pattes et la tête pour faire le travail », narre-t-il.
Poursuivant son argumentaire, il a également souligné n’avoir jamais donné un ultimatum de 15 jours et qu’il avait déménagé parce que la chambre qu’il occupait était trop exiguë. « Elle n’a pas attendu que je termine le travail nécessaire et voilà qu’elle s’empresse de déposer une plainte. En plus, il y a une amélioration parce que l’enfant n’arrivait même pas à articuler deux mots, maintenant, il parvient à parler « , se justifie-t-il.
Quant à la partie civile, Aïssata Kane revient sur sa mésaventure avec Cheikh Sadibou Aïdara dit Chérif. « Je suis venue vers lui parce que j’étais trop désespérée. Quand je suis allée le voir, il m’a dit qu’il pouvait soigner mon fils en seulement 15 jours. Il m’a demandé la somme de 1,6 million de nos francs et une somme de 900 mille de francs Cfa pour le sacrifice d’un bœuf. J’ai rassemblé tout mon héritage pour avoir ladite somme », dit-elle.
La plaignante précise qu’elle lui a remis l’argent le 24 décembre dernier. Elle explique que ce jour-là, il n’a pas cessé de l’acculer en me disant que les djinns risquent de s’en aller et la guérison de son fils ne pourra plus se faire. « Quand je lui ai remis l’argent, il m’a réitéré que mon fils sera rétabli à jamais. Depuis lors, son état est stationnaire. Pire, il a déménagé à Kounoune et a amené mon fils avec lui sans m’aviser. Je n’étais même pas au courant du déménagement. C’est au cours de mes investigations que j’ai appris que le guérisseur Chérif a donné l’argent de sa dot pour prendre une seconde épouse le même jour et a déménagé », clame-t-elle.
Invité à faire son réquisitoire, le représentant du ministère public estime que les faits sont constants et sollicite que le mis en cause soit déclaré coupable et condamné à 6 mois d’emprisonnement ferme. Du côté de la défense, Me Seyba Danfakha a fait savoir qu’il compatit à la douleur de cette dame. « C’est la partie civile qui est allée de son propre chef vers mon client. Selon la plaignante, ce sont les sachants qui ne parvenaient pas à soigner son fils qui ont référé vers les tradipraticiens », laisse entendre la robe noire, qui sollicite une application bienveillante de la loi pénale.
Finalement, le juge après en avoir délibéré, a déclaré le prévenu coupable avant de le condamner à 3 mois ferme. Sur ce, il va allouer une somme de 1,5 million de francs Cfa pour réparation du préjudice subi par la partie civile.
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