Fatimatou Binetou Bâ est bien vivante. D’après L’Obs, la nuit du 7 août 2000, la dame O. Diallo, conduite par son mari, I. Bâ, à la maternité de l’hôpital général de Grand-Yoff, actuel hôpital général Idrissa Pouye, a donné naissance à des jumeaux, une fille et un garçon. Nés prématurément, les nourrissons présentés des signes cliniques alarmants.
Le garçon décédera dans l’ambulance, lors de leur évacuation à l’hôpital Aristide Le Dantec. La fille, présentant une détresse respiratoire, a été admise à l’unité de néonatalogie. L’infirmier, qui était à son chevet, constatant qu’elle avait cessé de respirer, s’est empressé d’annoncer son décès aux parents. « C’est dur mais c’est la volonté divine. Nous allons les enterrer, ici, dans le cimetière de l’hôpital », a-t-on consolé le couple invité à rentrer à Grand-Yoff.
Sauf que le cœur de la fille a recommencé à battre dès le départ de ses parents. Bien prise en charge, elle s’est rétablie. Les responsables de l’hôpital se sont alors rendus à Grand-Yoff pour annoncer la bonne nouvelle aux parents. Leurs recherches sont restées infructueuses. Ils ont finalement appris que le couple, dévasté par le décès de ses jumeaux, a préféré rentrer au village de Mabo, dans le département de Kaffrine.
Un an après, la fille a été confiée à l’orphelinat Serigne Abass Sall, appuyé par l’Ong Al Khayra. Aujourd’hui, elle est élève en classe de Première et elle maîtrise bien le Coran. Mais, alors que ses camarades partaient en vacances chez leurs parents, la jeune fille se rendait chez Serigne Lamine Sall, son tuteur. C’est ainsi qu’elle a commencé à poser des questions sur ses origines. Sous la pression de la fille, les responsables de l’internat ont fini par vendre la mèche.
Serigne Lamine Sall est allé plus loin, profitant du temps d’antenne de l’émission « Khalass » de la Rfm, pour lancer l’avis de recherche des parents de la fille. Par chance, un voisin du couple suivait l’émission. Les retrouvailles ont déjà eu lieu, en présence de la sage-femme qui suivait la fille à l’hôpital.
Mais, « même si les filiations de la fille sont conformes à celles de ses parents, nous ne prenons pas le risque de la restituer sans l’aval de la Justice », a confié un des responsables de l’internat au journal. Il faut donc, souligne ce dernier, que le Parquet, déjà saisi, « ordonne l’ouverture d’une enquête afin que nous puissions nous entourer de toutes les garanties ».
En attendant, soulagés, les parents se sont engagés à la laisser poursuivre ses études avant de la récupérer.