Bonjour Monsieur le Président,
Permettez-moi, pour la forme, de vous tutoyer, car je souhaite m’adresser à mon « Grand ». La question sera plutôt de savoir si vous me lirez avec les yeux d’un oncle ou avec ceux d’un grand frère.
Quoi qu’il en soit, j’aime voir en toi ce grand frère, cet aîné de la famille aux épaules lourdes de responsabilités, plutôt que ce jeune oncle cadet, à qui on passe tous les caprices.
Je vais t’avouer qu’au début, je ne t’avais pas bien cerné. J’ai grandi avec le sourire que tu affichais durant la campagne électorale qui t’a ouvert les portes du palais. Au fil du temps, je t’ai vu perdre ce sourire à force de régler des problèmes et des urgences.
Avec mes yeux de jeune adulte, je me disais que tu avais pris la grosse tête. Comme on dit chez nous : « succès daf la dap ». Alors qu’aujourd’hui, avec les turpitudes de ma vie professionnelle, je ne peux que si bien te comprendre.
Je t’ai vu prendre des engagements auxquels, j’en suis convaincue, tu tiens encore fermement bien que rien ne soit concrétisé jusqu’ici. En réalité, la limite de ta vaillance demeure dans le manque d’abnégation de tes colonels.
Je t’ai vu incarner un véritable va-t-en guerre assénant des piques que mes amis, aujourd’hui, utilisent pour te confronter à la VAR. Pas plus tard qu’il y a 10 ans, tu avais toute la jeunesse mobilisée derrière toi.
La vérité est que j’ai appris à te connaître à travers les rares fois où tu as pris le temps de « me » parler sincèrement, sans détour. Finalement, au-delà de ce qui nous lie, le Sénégal, j’ai eu de l’affection et de l’attachement pour toi.
Toutefois Grand, je suis désolée, mais je ne sais plus à quel saint me vouer. Comment te faire comprendre que… tu dois nous aider, nous qui t’aimons, à justifier cet amour.
Déjà, parmi ces transhumants que tu as sauvés d’une mort politique, certains ne font que te desservir. Ils se sont mis entre toi et nous, ton peuple. Nous ne comprenons pas et ne supportons ce sentiment d’avoir fait dégager un groupe de personnes par la porte pour les voir revenir par la fenêtre.
En réalité, ton seul allié constant, c’est ton peuple. Ton alliance avec les populations du Fouta et du Sine montre encore aujourd’hui, que malgré ton agenda et tes contraintes, tu es le seul à réellement avoir une base qui a à cœur ton succès et qui t’est restée loyale.
Chef, je t’ai entendu théorisé, entre autres choses, le socialisme, la démocratie, la justice sociale, l’équité et le respect des droits de l’homme. Je reste convaincue que c’est la raison première de ton entrée en politique et par dessus tout, la clé de ton succès.
Capo, pour parler comme mon directeur, réduis la pyramide hiérarchique et demande à tes gars d’être généreux dans l’effort. En fait, ils ne sont pas généreux, point. S’ils étaient capables de l’être, ça se saurait depuis le temps. Ta responsabilité est de nous rassurer sur le fait que ton devoir de protection vis-à-vis vis du PEUPLE est supérieur à une quelconque amitié ou devoir de reconnaissance que tu pourrais avoir envers ton clan.
Nous avons un fort besoin de ressentir que la justice sociale est toujours une priorité pour toi. Qu’en dépit de la classe sociale, tout le monde est traité d’égale dignité face à une même éventuelle sanction.
J’aurais aimé continuer à te donner toutes les raisons qui nous ont conduit à ne pas voter, dimanche. Dans tous les cas, sache que c’est juste pour te dire que nous croyons encore en toi, mais que nous avons fini de faire confiance à cette équipe !!! Et peut-être que cette fois-ci, notre cri du cœur sera entendu.
Une dernière chose, PRESIDENT, au moins dans une certaine mesure, j’aurais pu signer personnellement ce texte, mais si je ne le fais pas, c’est parce que la dictature de la pensée unique est passée par là. Et ça aussi Grand, il faut « nga gérer cas bobou ».
Il nous reste 18 mois pour finir ce mandat en beauté. Nous te réclamons à nos côtés. Nous te demandons loyauté et tu verras que « do niou gueuna goré ».