les misères des petites bêtes de podium

by amadou

Ils se font de plus en plus rares. Face à un secteur en crise, les défilés de mode sénégalais qui jouissaient d’une notoriété internationale sont quasi inexistants. Une situation qui a installé la plupart des mannequins dans une inactivité partielle. En l’absence des grands rendez-vous de la mode, certains d’entre eux, dans l’impasse, sont obligés d’explorer d’autres champs…

Au Sénégal, la mode doit sa renommée internationale à des créateurs avertis et talentueux comme Collé Sow Ardo avec son traditionnel «Sira vision», Oumou Sy avec la «Simod», Marème Chalar avec la «Soli- mod», Adama Paris et son célèbre événement la «Dakar Fashion week», entre autres… Ces promotrices et créatrices de mode avaient réussi à inscrire, dans le calendrier culturel annuel, leurs défilés d’envergure. Par la force des choses, ces événements étaient devenus des rendez- vous incontournables de ce secteur. Ils permettaient d’arpenter les podiums et de montrer leurs talents. C’est dans cet esprit que feu Ambroise Gomis, un infatigable artisan de la mode, avait mis en place l’émission diffusée à l’époque sur la télévision nationale, Styles et Mode». 
C’est grâce à elle que beaucoup de Top-Modèles, de la trempe de Adja Diallo, Ya Awa Dièye, Sokhna Aidara, Chouchou, Ericka, ont été rendues célèbres. Le défunt promoteur de l’agence de mode «Harmony» et président du comité de l’élection Miss Sénégal avait également créé de toutes pièces les  «Ciseaux d’or». Le but était de lancer les jeunes créateurs et stylistes, ainsi que les mannequins et surtout leur mettre surtout aux mannequins  le pied à l’étrier. Autant dire qu’ils y trouvaient leurs comptes. Cependant, ces dernières années, ces grands rendez-vous de la mode se sont brusquement arrêtés. Leurs organisateurs ont, pour la plupart, décroché. Le manque de moyens et de sponsors en est la principale raison. A vrai dire, les stylistes n’arrivaient plus à porter sur leurs «frêles épaules», les financements et charges liés à ces événements glamour. C’est le cas de Marième Sèye, propriétaire du complexe Chalar. Avec son défilé de mode intitulé «Solimod» qui alliait solidarité et mode, la créatrice a tenté de faire vivre sa passion au mieux. Elle a d’ailleurs pu tenir durant cinq éditions. La dernière date de 2015. Mais, la bonne dame a dû, tout simplement, lâcher l’affaire. «J’étais beau être passionnée, c’était devenu difficile pour moi de continuer à organiser la Solimode. Je n’avais pas de sponsors, ni de parrainages. Lors de ma dernière édition en 2015, les dépenses s’élevaient à 29 millions de FCfa. Seule, je ne pouvais plus tenir financièrement», explique sans détours la styliste-modéliste. Un avis que partage Oumou Sy, à quelques exceptions près. Pour cette grande styliste, pionnière dans son domaine, elle n’avait plus d’endroit pour exprimer son art. «J’ai arrêté d’organiser des défilés depuis 2013 car, je n’avais plus de local pour travailler. Comme les «Ateliers Leydi» qui formaient des élèves pour la relève, étaient fermés, je n’avais plus d’endroit pour le faire. C’était très difficile pour moi de m’en sortir», confesse Oumou Sy. Néanmoins, l’espoir est permis. «Avec l’aide de l’Etat du Sénégal, j’ai pu me procurer un terrain pour l’implantation de ces ateliers, une école de formation spécialisée dans la confection de costumes traditionnels et modernes et de parures. Dans quelque temps, je pourrais à nouveau former des stylistes et organiser des défiés», a annoncé la styliste et costumière sénégalaise. Comme un vent frais dans cette grisaille. Une situation qui plonge, en attendant, le métier de mannequinat dans la plus grande tourmente. Outre la «Dakar Fashion Week» d’Adama Paris, il ne leur reste plus que des émissions télévisées telles que «Mode Tabaski et Korité», pour défiler. Mais, tout le monde n’a pas la chance d’y participer. Dans l’impasse, certains sont contraints de trouver d’autres alternatives…

source igfm

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