Après avoir lancé un audit de la ville de Thiès, le maire Babacar Diop a fait face à la presse pour en divulguer les résultats. Extraits…
« Dans les documents d’audit, les dégâts ont dépassé mes soupçons. Beaucoup m’ont demandé de ne pas parler. Certains exercent une pression sur moi. Les pressions viennent de partout, y compris de Yewi Askan Wi. Mais je ne peux me taire. Si je me tais je serai complice (…) »
Le personnel et la masse salariale
« De 2019 à 2020, le personnel de la ville était passé de 58 employés permanents à 78 employés permanents. Ce, avec une masse salariale qui est passé de 117 millions à 187 millions durant la période. Entre 2020 et 2021 la ville est passé de 78 employés à 116 employés, avec une masse salariale qui est passée de 187 millions à 230 millions de francs Cfa (…)
Ça a doublé et ce recrutement ne répond aucunement à un besoin de la ville de Thiès. Tous les rapports montrent que c’est la masse salariale qui asphyxie la ville. Et de ces 116 employés, seuls 20 font le travail. Il y a des gens qui sont payés à ne rien faire. La tradition dans les municipalités au Sénégal, c’est le recasement de la clientèle politique. Il y a des contrats que j’ai trouvés ici et j’ai décidé de ne pas les renouveler, pour que la mairie puisse souffler. Elle ne peut travailler pour payer des salaires seulement. »
La décevante gestion financière
« Sur la gestion financière, il était prévu des recettes à hauteur de 3,3 milliards de francs Cfa en 2021. Mais Thiès n’a pu encaisser que 990 millions de francs Cfa. Un taux de recouvrement de 32%. Ce qui symbolise les turpitudes de la ville de Thiès. Il ne peut être conçu que Thiès ait un budget de 1,8 milliards. Cela ne nous honore pas. C’est un taux de recouvrement qui tourne autour de 32% avec donc un manque à encaisser qui tourne autour de 2,4 milliards.
Les choses peuvent être plus difficiles l’année prochaine puisqu’avec le Fonds Pacasen du gouvernement on risque de perdre les 250 millions. Parce que le budget devait être voté avant le 31 décembre. Mais nos prédécesseurs n’avaient pas voté le budget. C’est nous qui avons voté le budget à nôtre arrivée. Et si vous ne votez pas votre budget, vous perdez ce fonds. Les dettes de la ville se chiffrent à 783 millions de francs Cfa pour une mairie qui a un budget qui tourne autour de 1 milliard. »
Les 6 millions de Sonatel et Cbao
« La location des terrains de la ville de Thiès (propriétés communales) ne génèrent que 13 millions de francs Cfa. Ce qui est insignifiant. Si les textes étaient suivis (le décret en la matière), cette location devait rapporter 426 millions de francs Cfa. Et cela concerne des sociétés qui font des milliards de chiffres d’affaires.
Il y a d’abord la Sonatel Orange qui a loué 1000 mètres carrés. Orange paye 6000 francs Cfa le mètre carré par an. Soit 500 francs le mètre carré par mois. Même le vendeur de poisson aurait payé plus. La Sonatel paye 6 millions par an sur 1000 mètres carrés. C’est ce que j’appelle de l’aumône. »
«Je veux m’adresser à Orange… Ce contrat-là doit être renégocié
et sera renégocié. »
« Si chaque année, le décret du président de la République, numéro 2010-400 du 23 mars 2010, était respecté, la Sonatel aurait dû payer 40 000 francs Cfa le mètre carré et 40 000 millions l’année, au bas mot. Je veux m’adresser à Orange, ce contrat-là doit être renégocié et sera renégocié.
La Cbao aussi occupe 800 mètres carrés. Elle paye, elle aussi ce que paye orange. C’est-à-dire 6000 francs Cfa le mètre carré par an. Soit 500 francs Cfa le mètre carré par mois. Je veux m’adresser à la Cbao. Ce contrat devra être renégocié et sera renégocié. Je veux être très clair sur cette question.
Pour Emg, c’est plus grave. Beaucoup m’ont demandé de ne pas parler. Depuis 2014, Emg occupe 1435 mètres carrés. Ils n’ont jamais payé 1 franc. Je leur ai écrit. J’ai envoyé un émissaire pour qu’ils payent ce qu’ils doivent à Thiès. Car ils devront payer ce qu’ils doivent à la Ville de Thiès durant ces 8 ans. Ils doivent au moins 8,6 millions de francs Cfa par an si on se fondait sur le barème appliqué avec Orange. »
IGFM