La Commission nationale gambienne des droits de l’homme s’est engagée, vendredi, à employer tous les moyens nécessaires pour faire juger un haut diplomate sénégalais accusé d’avoir commis un crime sexuel en Gambie en avril 2020. Lansana Kaba, 41 ans, qui aurait violé la jeune fille «souffrant de troubles mentaux», adolescente à l’époque des faits, est rentré à Dakar, a annoncé le gouvernement gambien en janvier dernier sans donner la date à laquelle le Sénégalais a quitté Banjul.
Le diplomate sénégalais Lansana Kaba a du pain sur la planche. Alors qu’il était en poste à Banjul, il a été accusé d’avoir commis un crime sexuel sur une jeune fille mentalement déficiente âgée de 17 ans au moment des faits. Mais, fin janvier dernier, le porte-parole du ministère gambien des Affaires étrangères, Saikou Ceesay, a annoncé aux médias locaux que le haut diplomate a été rappelé par son pays le Sénégal à la suite du «présumé viol» qu’il aurait commis. Ceesay n’a pas dit quand exactement le Sénégalais a été rappelé.
En tout état de cause, maintenant que Lansana Kaba a été rappelé au Sénégal, l’avancement du dossier est bloqué, empêchant la victime présumée d’obtenir justice. Seulement, la Commission nationale gambienne des droits de l’homme ne veut l’entendre de cette oreille. L’organisation qui travaille à promouvoir et à protéger les droits humains fondamentaux et les libertés, qui a enquêté sur l’incident après que l’Alliance pour la protection de l’enfance le lui a signalé, a promis de suivre le dossier jusqu’au bout. «Notre enquête sur cette question est toujours en cours et nous engagerons l’instance nationale des droits de l’homme du Sénégal si nous en avons besoin. C’est une possibilité», a déclaré hier le président de la NHRC, Emmanuel Joof. Poursuivant, Joof ajoute : «nous allons utiliser différentes stratégies et mécanismes à la fois à l’intérieur et à l’extérieur du pays, pour nous assurer que justice est rendue en la matière.»
Le droit de l’hommiste a également expliqué que le diplomate était protégé par la Convention de Vienne sur les relations diplomatiques. Ce qui, dira-t-il, a fait échouer «tous les efforts pour faire lever son immunité».
Et ce n’est pas tout. Puisque le 27 juillet 2020, le ministère de la Justice a écrit au ministère des Affaires étrangères pour lui demander de demander au gouvernement sénégalais de lever l’immunité [de M. Kaba] ou à la Gambie de le déclarer persona non grata, a déclaré M. Joof, expliquant les efforts qui ont été faits.
Pour rappel, le diplomate sénégalais Lansana Kaba, 41 ans, est accusé d’avoir violé une jeune fille «souffrant de troubles mentaux», qui aurait été adolescente (17 ans, au moment des faits), dans un complexe où ils résidaient tous les deux dans la région du Grand Banjul. Ses poursuites en Gambie ont été recommandées par les premiers éléments du rapport d’enquête publié au mois de mai dernier par les enquêteurs de la police qui ont conclu que le Sénégalais avait profité de la jeune fille.
Selon un diplomate de carrière gambien cité par la presse de son pays, à l’époque, l’affaire aurait dû être jugée «il y a longtemps» si le gouvernement (gambien) voulait que justice soit faite. «Ils auraient dû écrire au Sénégal pour révoquer le statut diplomatique du diplomate ou demander à être autorisés à le déclarer persona non grata. Mais franchement, je ne vois pas cela se produire», a-t-il déploré.
Sidy Djimby NDAO
LES ECHOS