Karim, un Sénégalais détenu en France depuis 2019, croise les doigts pour une bonne participation des Lions à la Coupe du monde 2022 (Qatar, 20 novembre-18 décembre), malgré l’absence de Sadio Mané. En attendant leur entrée en lice lundi prochain face aux Pays-Bas, l’homme de 34 ans qui rêvait de devenir footballeur, raconte comment les Lions du Sénégal ont changé son existence en prison. Dans son récit, repris par Les Echos, il a confié qu’il a dû porter le maillot de l’Algérie après la défaite à la finale de la Can 2019. Il avait perdu son pari contre un codétenu algérien.
«Le football est ma thérapie»
Mais, ça a changé en 2021 au Cameroun : « Chaque compétition a son maillot, je me suis mis à jour, narre-t-il. Je ne peux pax compter l’argent dépensé pour acheter les maillots et accessoires. J’enfile mes maillots les uns après les autres et je regarde les matchs attentivement. Les premiers matchs sont ennuyeux et poussifs. » Logés dans le Groupe B, les Lions terminent 1ers avec une seule victoire et deux nuls, 0-0.
Karim, optimiste, trouve des « circonstances atténuantes » à la formation d’Aliou Cissé, rappelant la cascade de forfaits pour Covid-19 dans la tanière. Du coup, « je reste patient et j’observe au fil de la compétition une montée en puissance crescendo. Et, nous revoilà en finale. Le jour J, un mélange de stress et de confiance m’habite, dit-il. Je sais qu’on va gagner mais si jamais, je me trompe et qu’on perde, dans quel état vais-je être ? »
Réponse : « Fin du match. Tirs au but. La loterie comme on dit. La tension est à son comble. Mais, je fais confiance à Édouard Mendy. Je commence à me faire à moi-même des promesses que je ne vais jamais tenir (rire). Si on gagne, je serai réglo avec la justice française. Je me marie dès que je sors de prison. Je demanderai pardon à la juge pour l’avoir insultée elle et sa famille. »
Le Sénégal est sacré pour la première fois de son histoire. La joie de Karim est immense : « J’ai hurlé de joie. La prison explose. Les festivités commencent à l’extérieur. La joie que je ressens est indescriptible. »
A l’intérieur de la prison, le Sénégalais qui « n’en revenait pas », a préféré prendre « son tapis de prières et se prosterner pour remercier Dieu. » Avant de contacter ses proches au téléphone, sa mère, d’abord, puis ses sœurs et ses amis. « Tout le monde me hurle dans l’oreille. Je hurle à mon tour. On ne se comprend pas trop parce qu’on crie comme des fous. Mais une chose est sûre, on a gagné. J’ai pleuré comme un gosse. » Il souligne que toutes ses émotions ressenties lui ont rappelé qu’il est avant tout « un être humain » et qu’il « a également droit » à sa part de bonheur.
Karim, supporter du PSG, partage sa cellule avec un codétenu qui roule pour l’OM.