Aminata Touré a déposé une proposition de loi à l’Assemblée nationale pour limiter l’exercice de fonctions et responsabilités dans les institutions de la République des familles en rapport avec le président de la République.
L’ex présidente du CESE s’attaque à une vieille pratique politique au Sénégal laquelle n’est pas un fait nouveau : des membres de la famille présidentielle ont, depuis l’indépendance, occupé des postes stratégiques au sein de l’Etat.
Cela a commencé avec Léopold Sedar Senghor qui avait confié à son neveu, Adrien Senghor, tour à tour, le ministère du Développement rural, le département de l’Equipement, avant de faire de lui un ministre d’Etat plus tard.
Abdou Diouf, qui a remplacé le Président-poète, s’y est engouffré. Si Senghor n’avait qu’un membre de sa famille, Diouf, lui, en a eu plusieurs.
Magued Diouf, son frère était en charge de la Modernisation de l’Etat. Là aussi, Diouf a semblé être convaincu par les travaux de son frère. Il lui confiera, par la suite, l’Energie, les Mines et l’Industrie.
Si les deux premiers présidents avaient semblé avoir un peu de retenue quand il s’est agi de nommer les membres de leurs familles, Wade, quant à lui, a voulu incorporer son neveu, Lamine Faye, à la gendarmerie, avec le grade de Capitaine.
Wade avait aussi voulu compter 3 calots bleus dans les rangs de la gendarmerie, sans les faire passer par une école de formation militaire. Un forcing que le Colonel Ndaw n’a pas accepté.
Le Colonel a même dénoncé dans son livre, Les excès des Wade, népotisme au sommet de l’Etat, le fait que «le président de la République a voulu nommer quatre calots bleus dont Lamine Faye (son neveu), capitaines de gendarmerie et les intégrer dans sa garde rapprochée».
Plus tard, Wade fera de Sindiely, sa fille, sa conseillère principale, avant de lui confier la présidence du Comité d’organisation du 3ème Festival des arts nègres (Fesman).
Le Fils, Karim Wade, pendant ce temps, était ministre de la Coopération internationale, de l’aménagement du territoire et des infrastructures. C’est lui qui a géré le Sommet de l’Anoci et ses milliards de dépenses.
Le neveu, Doudou Wade, avait, lui, en charge la présidence du groupe parlementaire Liberté et démocratie durant tous les mandats de Wade. Entre temps, Ndiouga Sakho, un des neveux de Wade, était le directeur de l’Urbanisme après avoir dirigé la Sapco.
Après la chute de Wade en 2012, Macky Sall, dans un exercice d’entraînement-séduction, avait promis de ne jamais nommer son frère par décret.
Finalement, comme son mentor, il s’est dédit en lui confiant la Caisse des dépôts et consignations. Mansour Faye, le frère de l’épouse du chef de l’Etat, est nommé Délégué général à la Protection sociale et à la solidarité nationale.
Avant de gravir les échelons pour devenir ministre des Infrastructures, des transports terrestres et du désenclavement du Sénégal.
Poste qu’il occupe après avoir été exfiltré de celui du Développement communautaire, de la solidarité et de l’équité territoriale, où sa gestion des fonds pour l’achat des vivres en vue d’atténuer les effets du Covid, avait été chahutée.