Ayant servi 22 longues années à la buanderie de Fann, Moussa Fall sait pertinemment combien la santé est sacrée. Pourtant cela ne l’a pas empêché de jouer avec. En plus de prodiguer des soins aux malades admis en réanimation, Moussa Fall est allé plus loin en consultant chez lui, à Liberté VI, des malades. Conséquence : il comparaissait, ce mardi, au tribunal des flagrants délits de Dakar pour répondre du délit d’exercice illégal de la médecine.
Marié et père de famille, Moussa Fall a été arrêté dans son domicile à Liberté 6 extension, suite à une dénonciation anonyme. Selon l’information reçue par les éléments de la division des investigations criminelles (Dic), Moussa Fall traitait des patients dans son domicile. Pour en avoir le cœur net, les flics ont décidé de piéger le susnommé en y envoyant un individu supposé malade. L’information a été confirmée par l’émissaire des agents de la Dic qui ont débarqué chez Moussa Fall. Une perquisition leur a permis de découvrir divers kits médicaux destinés aux traitements de malades, dont des tubes de prélèvement, des pansements, des seringues et des perfusions.
Arrêté et conduit au commissariat, le mis en cause est passé aux aveux. Agent au service buanderie de l’hôpital Fann depuis 22 ans, il renseigne qu’il lui arrive parfois de donner des soins à des patients en réanimation. À l’en croire, avec tout le temps qu’il a passé dans cet hôpital, il a acquis beaucoup de connaissances en matière d’infirmerie. Il informe également qu’il a aussi offert son aide en Orl.
Des faits qu’il a également reconnus lors de son face à face avec le procureur. Toutefois, lors de son audition, il a tenté de diluer sa responsabilité en jurant n’avoir jamais tenu un cabinet médical clandestin chez lui. «Les kits saisis chez moi m’ont été remis par les patients que j’ai eu à aider lors de leur passage à l’hôpital. N’ayant plus besoin de ces ordonnances, ils me les ont offerts pour d’autres patients qui n’auront pas les moyens», a-t-il déclaré.
Sur les soins qu’il a eus à prodiguer à des patients au sein de l’hôpital, il renseigne qu’il les a faits sur la demande des médecins. «J’ai même voulu faire une formation en infirmerie cette année. Mais je suis allé m’inscrire en retard. Et comme je risque de ne pas pouvoir faire l’examen, j’ai différé mon inscription», soutient-il tout en reconnaissant qu’il a eu tort d’exercer un métier réglementé, sans qualification.
A la suite du représentant du ministère public qui a requis 2 ans d’emprisonnement avec sursis contre lui, les avocats de la défense ont sollicité une application bienveillante de la loi pénale.
Étant dispensé de peine ferme, il est convoqué au bureau du juge des peines le jeudi 9 juin pour connaître la nature du travail au service de l’intérêt public qu’il doit faire pendant 100 jours, en guise de peine.