Joe Biden a assuré jeudi qu’il était légalement contraint de poursuivre la construction d’un mur frontalier avec le Mexique, une mesure phare de son prédécesseur Donald Trump et que l’actuel président américain a toujours vivement critiquée.
Le démocrate de 80 ans, candidat à sa réélection, a dit qu’il ne « pouvait pas interrompre » le financement engagé par le milliardaire républicain, faute d’avoir pu convaincre le Congrès d’employer les fonds pour d’autres mesures.
Le même jour, la Maison Blanche a annoncé la reprise de vols directs d’expulsion vers le Venezuela pour les immigrés en situation irrégulière, qui étaient interrompus depuis des années.
Le ministre de la Sécurité intérieure, Alejandro Mayorkas, a indiqué qu’une nouvelle portion de mur serait érigée dans la vallée du Rio Grande, à la frontière avec le Mexique.
« Il existe actuellement un besoin aigu et immédiat de construire des barrières physiques (…) afin d’empêcher les entrées illégales », a déclaré M. Mayorkas dans un avis officiel publié par le registre fédéral des Etats-Unis.
Joe Biden a été accusé de volte-face, lui qui avait promis le jour de son entrée en fonctions, en janvier 2021, que le contribuable ne payerait plus pour la construction d’un mur.
Au Mexique, le président Andrés Manuel Lopez Obrador, qui rencontre jeudi le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken, a jugé qu’il s’agissait d’un « pas en arrière ».
- « Absolument faux » –
« L’argent était prévu pour le mur frontalier. J’ai essayé de convaincre (les républicains au Congrès) d’allouer les fonds à autre chose, de les rediriger. Ils n’ont pas voulu », s’est défendu Joe Biden.
« En attendant, il n’est pas possible légalement d’utiliser cet argent pour autre chose que ce pour quoi il a été prévu », a-t-il poursuivi.
Le démocrate, régulièrement accusé par les républicains de laxisme face à la crise migratoire, a assuré que « non », il ne croyait pas que construire des murs était une solution.
« Nous appliquons la loi », a martelé sa porte-parole Karine Jean-Pierre lors de son point presse quotidien.
Dire qu’il s’agit d’un revirement « est absolument faux », a déclaré un autre porte-parole de la Maison Blanche, Andrew Bates sur X, anciennement Twitter.
Donald Trump, rival de Joe Biden et favori de la droite pour la prochaine présidentielle, n’a pas manqué de réagir.
L’annonce de l’administration Biden montre que « j’avais raison quand j’ai construit 900 km (…) d’un mur frontalier tout beau, tout neuf », a-t-il écrit sur sa plateforme Truth Social.
Le ministre de la Sécurité intérieure avait précisé dans l’avis officiel que les fonds viendraient d’une dotation approuvée par le Congrès dans ce but précis en 2019, quand Donald Trump était au pouvoir.
Il a aussi indiqué qu’une vingtaine de lois fédérales, comme des législations sur l’environnement et les espèces protégées, devraient être suspendues pour permettre la construction.
Ukraine –Les républicains ont fait de l’immigration l’un de leurs angles d’attaque favoris contre la Maison Blanche. L’aile droite du Parti républicain s’oppose par exemple au déblocage de fonds supplémentaires pour l’Ukraine, estimant que cet argent devrait plutôt servir à lutter contre la crise migratoire.
Le sénateur conservateur Lindsey Graham a lui demandé de lier les deux sujets, ce alors que le Congrès américain doit voter sur un nouveau budget, et donc sur une éventuelle rallonge pour l’Ukraine, avant le 17 novembre.
La Maison Blanche s’est toutefois défendue d’utiliser la construction du mur pour marchander le soutien des parlementaires républicains à un nouvel effort financier en faveur des Ukrainiens: « Je ne ferais pas le lien entre les deux », a dit Karine Jean-Pierre jeudi.
Concernant le Venezuela, l’administration Biden va reprendre dans les prochains jours les expulsions directes par avion, qui étaient suspendues depuis des années en raison de la situation sécuritaire très dégradée dans le pays, mais n’a pas précisé combien de personnes seraient concernées.
Les Vénézuéliens sont l’une des nationalités les plus représentées parmi les migrants qui arrivent régulièrement à la frontière sud des Etats-Unis.
Selon l’ONU, plus de sept millions de personnes ont fui le Venezuela depuis l’effondrement de son économie.