Une énième tragédie. Une pirogue de migrants en partance pour l’Europe a chaviré à Saint-Louis. Un voyage pour l’Europe qui a tourné court et suscite beaucoup d’interrogations.
Les populations de la commune de Gandiol se sont réveillées hier sous le choc. Une embarcation, qui transportait des migrants, s’est renversée à la brèche de Saint-Louis, à hauteur du village pilote de Barre.
Selon certaines informations recueillies auprès des populations, ce projet de voyage concernait plus de cent candidats à l’émigration irrégulière, dont plusieurs femmes et des enfants.
L’accident en mer est survenu vers 2 h, à hauteur de la brèche de Saint-Louis. À ce moment-là, une pirogue de moindre envergure était en train de faire la navette pour convoyer les migrants vers la grande pirogue mouillée en haute mer. C’est lors de l’un des aller-retour que la pirogue s’est renversée avec les migrants à bord.
On ignore, à ce stade de l’enquête, combien y avait-il de migrants à bord de la pirogue. Et l’enquête à ce propos s’annonce difficile, dans la mesure où, selon nos sources, les candidats pour cette virée en mer sont presque tous de la commune.
Donc, pour l’instant, c’est l’omerta sur l’identité des migrants, des capitaines et des organisateurs. Les populations redoutent les répercussions de l’enquête qui risque de mener à certains d’entre eux.
En effet, à en croire l’un des adjoints du maire de la commune de Ndiébène-Gandiol, après l’accident, certains passagers clandestins ont regagné la rive à la nage, avant de se fondre dans la nature. A ce stade, on ignore le nombre de victimes. Puisque seul un corps sans vie a été repêché par des pêcheurs de la localité.
Selon toujours l’adjoint au maire, une personne a été arrêtée par la Direction de la police de l’air et des frontières et transférée au poste de police de Goxu Mbacc. Les recherches se poursuivent pour retrouver les autres passagers de la pirogue.
Selon nos sources, devant la tournure des événements (chavirement de la petite pirogue), les organisateurs ont pris peur et décidé de surseoir au voyage. Ainsi, tous ceux qui avaient déjà embarqué dans la grande pirogue ont été débarqués. Puis la grande pirogue a disparu dans la grande immensité bleue.
‘’Plus de 1 500 convoyeurs arrêtés’’
Les enquêteurs dans cette nouvelle tragédie devraient s’intéresser aux convoyeurs. Si on en croit, Pierre Mboup, le président du Réseau national des quais de pêche du Sénégal qui s’est confié à la RFM, ces derniers temps, plusieurs arrestations ont été notées dans le secteur de la pêche. ‘’Presque tous les pêcheurs sont dans les prisons. La dernière évaluation que nous avons faite avec la police étrangère a montré qu’ils sont entre Thiès, Dakar, Saint-Louis et Casamance. La situation risque d’empirer avec les nouvelles arrestations’’, informe le sieur Mboup. Qui renseigne que, plus de 1 500 personnes soupçonnés d’être des convoyeurs, sont dans les liens de la détention.
Face à cette situation, Pierre Mboup exhorte les candidats et convoyeurs à renoncer à leurs projets de voyage. ‘’Ces derniers jours, dit-il, il fait mauvais temps en mer. Les convoyeurs doivent vraiment être arrêtés, car les pirogues ne peuvent pas affronter ces fortes vagues en haute mer. Je loue les efforts consentis par l’Etat du Sénégal pour déjouer les plans des candidats, parce que chaque jour, la marine sénégalaise intercepte au moins quatre à cinq pirogues des candidats, grâce à des drones ».
Il faut signaler que ce drame de Saint Louis repose la question de la brèche qui demeure un mouroir. Les travaux de dragage et de balisage n’y ont rien fait. Les années se suivent et les morts ne faiblissent pas.
IBRAHIMA BOCAR SENE (SAINT-LOUIS)