La semaine dernière, je mettais en garde du péril qui guette le Sénégal, si d’aventure l’opposition arrivait à obtenir une majorité parlementaire, à l’issue du scrutin prévu pour le 31 juillet 2022. Cette opposition songe à imposer une cohabitation à la tête du pays et le cas échéant, cela ouvrirait la porte à une belle pagaille. En effet, je soulignais l’immaturité des leaders de l’opposition qui se donnent en spectacle, se déchirent, s’invectivent, s’insultent. Ces responsables politiques ne s’entendent sur rien : pas un accord programmatique ou même une ébauche de feuille de route ou une répartition d’éventuels rôles futurs pour gouverner le Sénégal ; ce dont il est question est d’aller chercher le maximum de sièges de députés et après on verra. D’ailleurs, le Dr Cheikh Tidiane Dièye, proche du leader de Pastef, Ousmane Sonko, et membre de la coalition Yewwi askan wi (Yaw), agacé par cette situation, a apostrophé ses camarades en leur disant : «Vous êtes plus préoccupés par les places sur les listes d’investitures que par le respect de la légalité.»
La cacophonie s’est donc installée dans les rangs de cette coalition et chacun y va de son insulte et de son accusation. Tout le monde traite tout le monde de traitre. Les couteaux, qui manifestement étaient aiguisés depuis longtemps, sont sortis de leurs fourreaux pour la dispute des postes de «députables». On s’imagine alors aisément ce qu’il adviendrait en cas de victoire de l’opposition quand il s’agira de choisir des personnes pour occuper des «stations» comme le poste de Premier ministre, de président de l’Assemblée ainsi que les membres des autres institutions ou du gouvernement. Mais l’opération de préparation des listes d’investitures a surtout eu le mérite de révéler toutes les tares, les lacunes, les carences et l’incompétence de ces leaders de l’opposition.
Qui confiera le destin du Sénégal à Ousmane Sonko ?
Je ne me suis jamais trompé sur le personnage Ousmane Sonko. Le 14 janvier 2019, dans une chronique intitulée «M. Sonko, quelqu’un qui veut devenir Président du Sénégal ne doit pas faire ça !», je relevais de nombreux travers de cet homme qui aspire à nous gouverner. Je mettais en exergue son immaturité, son côté puéril, ses comportements d’arrogance et sa propension au mensonge. Mais surtout, je mettais le doigt sur sa boulimie foncière pour avoir participé à de multiples opérations de prédation du patrimoine foncier de l’Etat et je montrais, preuves à l’appui, qu’il était tout le contraire du parangon de vertu pour lequel il voulait se faire passer. Je ne savais pas si bien dire. Depuis lors, tous les Sénégalais ont pu observer que Ousmane Sonko est capable de faire pire ! Le «président Sonko» est nu, complètement nu, au propre comme au figuré !
Les accusations d’abus sexuels portées en février 2021 contre lui par la dame Adji Sarr, avec leurs lots de révélations continues et pour lesquelles Ousmane Sonko éprouve toutes les peines à s’expliquer, devraient le disqualifier pour prétendre à la fonction présidentielle. Quel peuple accepterait cette fatalité d’être gouverné par un chef d’Etat dont les photos et vidéos de ses ébats sexuels, de son anatomie intime, sont dans les smartphones de tous ses concitoyens ?
En outre, parler de l’insolence ou de l’arrogance de Ousmane Sonko c’est comme rajouter de l’eau à la mer. En relisant le message qu’il a envoyé la semaine dernière à son allié Mansour Sy Djamil, on mesure jusqu’où cet homme pourrait aller dans l’autoritarisme s’il avait davantage de pouvoir et de prise sur ses interlocuteurs et autres partenaires. Dans une conférence de presse, tenue le mardi 17 mai 2022, il laisse libre court à sa perfidie à l’endroit de ses alliés Khalifa Ababacar Sall et Barthélemy Dias. Aussi, Ousmane Sonko, toujours bavard à souhait, tient à montrer qu’il est le seul «patron à bord» et clame son droit de retirer qui il veut du groupe de communication mis en place pour les échanges entre les leaders de sa coalition Yaw. Il assume ainsi avoir retiré de ce groupe un autre chef de parti, Mamadou Lamine Thiam, qui (Ousmane Sonko le dit à haute et intelligible voix), a accusé dans ce groupe privé Khalifa Sall d’être «un voleur de riz et de mil». Quel est le dessein de Ousmane Sonko en remuant ainsi le couteau dans la plaie pour révéler publiquement des échanges qui jettent à la figure de Khalifa Sall la cause de ses déboires judiciaires ? S’il fallait jeter son allié politique en pâture, on ne ferait pas plus féroce. Barthélemy Dias appréciera lui aussi que Ousmane Sonko dise publiquement l’avoir remis à sa place en lui précisant «qu’il n’est pas un leader et qu’il a à obtempérer aux décisions prises par les leaders de la coalition Yaw». Versatile comme il n’a pas son pareil, Ousmane Sonko a réadmis Mamadou Lamine Thiam dans le fameux groupe, sans aucune autre explication. Lui-même Ousmane Sonko, a fini par quitter le groupe depuis ce samedi 21 mai 2022. Préfigure-t-il un enterrement de sa coalition après avoir constaté qu’il ne pourra plus être candidat aux élections législatives du fait de multiples bévues dans la préparation des listes de candidatures et qui ont fini par rendre irrecevable la liste nationale qu’il dirige ? Les élections législatives à venir n’intéresseront plus l’égoïste Ousmane Sonko, dès l’instant que lui-même ne pourra plus être élu député. Le risque de disqualification de la liste de Dakar et qui avait pour conséquence de recaler Barthélemy Dias ne l’empêchait pas pour autant de poursuivre à briguer les suffrages, mais désormais on verra bientôt Ousmane Sonko entonner le refrain du boycott des élections. On ne lui connait pas la générosité ou l’altruisme de laisser d’autres personnes se faire élire à ses dépens.
Ousmane Sonko aura renforcé la zizanie dans les rangs de sa coalition en se faisant un malin plaisir de raconter aux autres les médisances qu’aurait faites Khalifa Sall sur leur compte pour justifier leurs mauvaises places sur les listes d’investitures. Khalifa Sall avait été chargé de confectionner la liste des investitures de sa coalition. Finalement, tous les responsables de Yaw, satisfaits ou pas de leurs places sur les listes d’investitures, seront logés à la même enseigne avec la perspective funeste de l’invalidation de leur liste au scrutin proportionnel.
Le coup de pied de l’âne (titre emprunté à un papier d’anthologie de Tidiane Kassé à Walfadjri, qui l’avait emprunté à Jean de la Fontaine)
Le leader de Pastef a voulu nier la révélation faite dans ma chronique du lundi 16 mai 2022, de ses échanges aigres-doux avec Khalifa Sall. Ce dernier lui demandait de sonner la mobilisation pour empêcher l’invalidation de la liste de Yaw au niveau de la circonscription électorale de Dakar, frappée d’irrecevabilité pour cause de défaut de parité. Ousmane Sonko s’est menti en niant les faits que la chronique a révélés et qu’il finira par avouer lui-même.
Je veux bien faire mienne la remarque de Hamidou Anne, dans l’édition du journal Le Quotidien du 10 mai 2022 qui disait que «vos attaques sont nos médailles» car «parler et agir dans l’espace public, distiller un discours de justice, d’égalité, de progrès sont un impératif même si notre pays est dans une séquence folle ; séquence qui le confine à bannir la mesure pour sacraliser l’outrance». C’est connu, on vous insulte quand on n’a pas d’argument à vous opposer. Mais le plus désolant est que Ousmane Sonko s’en prend à moi, non pas pour donner des arguments ou pour me reprocher quelque chose (parce qu’il en est incapable) mais pour parler de la couleur de ma peau, trop noire à son goût. Honnêtement il m’a surpris, pour une fois, car je ne le croyais pas capable d’un tel crétinisme pour ne pas dire une telle ânerie. Pourtant, je ne devrais pas être surpris. En effet, un de ses avocats, Me Joseph Etienne Ndione, constitué dans l’affaire m’opposant au magistrat Souleymane Téliko, avait dit la même bêtise dans sa plaidoirie. Un autre avocat de Ousmane Sonko, Me Bamba Cissé, lui aussi constitué pour Souleymane Téliko, avait lui aussi été ignoble avec des arguments du genre. Comme quoi ceux qui se ressemblent s’assemblent ! Tiens ! Me Bamba Cissé a d’ailleurs disparu des médias depuis que j’avais saisi, au lendemain de ce fameux procès de juin 2021, le Conseil de l’Ordre des avocats d’une plainte contre sa personne. J’ai enregistré de nombreuses réactions outrées de personnes atteintes ou interpellées par la stigmatisation faite sur la couleur de ma peau. Aussi, des responsables de Pastef m’ont dit être désolés de tels propos et je les crois sincèrement, tout en leur soulignant que «la moquerie est souvent indigence d’esprit» (Jean de la Bruyère). Les militants, électeurs et sympathisants du leader de Pastef, ayant la peau aussi noire que la mienne, auront sans doute apprécié la sottise de leur champion, autoproclamé panafricaniste et défenseur de l’homme noir. Mais ils sont encore loin de tout découvrir de ce personnage qui se révèle, de jour en jour, indigne d’être un père de famille, encore moins un chef d’Etat. Ousmane Sonko se montre de plus en plus étourdi et manque de sérénité ces dernières semaines. Et pour cause ! L’influenceur Bah Diakhaté a insinué, à travers les réseaux sociaux, l’agenda de Ousmane Sonko qui a rappliqué dare-dare de Ziguinchor pour des entrevues à Dakar et dans la banlieue, dans la nuit du 13 au 14 mai 2022. Assurément, il cherche coûte que coûte à étouffer une affaire qui a éclaté postérieurement à l’affaire Adji Sarr. Ignore-t-il que des preuves et autres témoignages vidéo de père, mère, frères et sœurs, ainsi que «le corps du délit» ont déjà pu circuler ? Le Sénégal ne devrait point mériter de tomber entre de telles mains. C’est pourquoi on peut être d’avis que les déboires de Yaw procèdent d’une justice immanente. La main de Dieu n’est pas loin de tout ce qui se joue sous nos yeux.
C’est faire œuvre de salubrité publique que de travailler à barrer la route à un tel personnage
Le profil bas complice de Ousmane Sonko devant la dernière tuerie et prise d’otages humiliante de soldats sénégalais en Gambie par des éléments du Mouvement des forces démocratiques de Casamance (Mfdc) devrait être une raison suffisante pour convaincre tout citoyen, épris de paix et soucieux de la préservation de l’intégrité territoriale et de l’unité nationale, que Ousmane Sonko n’est pas digne d’être le chef d’Etat du Sénégal. De toute façon, les Sénégalais ont assez d’exemples pour mesurer les périls qui guettent leur pays. On voit bien où ce pays sera mené si Ousmane Sonko arrive au pouvoir. On ne le dira jamais assez : «L’exercice du pouvoir par des mains inexpertes, expose un pays à des aventures des plus périlleuses.» Ousmane Tanor Dieng continue de parler d’outre-tombe aux Sénégalais. Au demeurant, «la responsabilité du pouvoir est une affaire trop grave pour être livrée à des individus sans compétence ni expérience. De même, on ne bâtit rien avec la haine, la rancune ou l’esprit de vengeance». «Nous devons nous sentir tous responsables du destin d’une Patrie qui est notre patrimoine commun.» Narcissique, égocentrique… La prétention de Ousmane Sonko est sans limite. Relisons encore son post, fait le 18 juillet 2019, à l’hommage de Mamadou Dia : «Aujourd’hui 18 juillet, est célébré le Président Mamadou Dia, l’un des valeureux hommes politiques du Sénégal, à côté de Cheikh Anta Diop. Avec cet homme exceptionnel, nous partageons une même ville : Khombole d’où est originaire ma mère, et tellement de convergences politiques que notre naissance au même mois de juillet, à trois jours d’intervalle, ne sauraient relever de la pure coïncidence.» Il s’avère donc nécessaire de barrer la route à Ousmane Sonko. Qu’on se le tienne pour dit, je ronge mon frein et n’hésiterai pas à lâcher les brides et que personne ne vienne me faire la leçon !
Par Madiambal DIAGNE – [email protected]