Quoiqu’elle ait contesté les faits qui l’ont conduite à la barre du tribunal des flagrants délits de Dakar, A. A. D. a été, tout de même, condamnée à une peine d’emprisonnement ferme d’un (1) mois. En effet, elle a été reconnue coupable des faits d’interruption volontaire de grossesse. Le procureur avait requis une peine de deux (2) mois ferme contre elle.
L’avortement, cette petite intervention, est la méthode qu’empruntent les femmes qui ont contracté malgré elles une grossesse. Ainsi, une vie à peine commencée prend fin. Mais souvent, une autre vie bascule. Celle de la mère, parfois victime, désespérée ou parfois maîtresse de ses actes. Quoi qu’il en soit, elle sera la seule qui va payer les pots cassés. Tel est le cas de la jeune A.A.D. qui a récolté une peine ferme d’un (1) mois de prison. Elle comparaissait hier à la barre du tribunal des flagrants délits de Dakar pour répondre du délit d’interruption volontaire de grossesse. En effet, à peine sortie de la minorité, la jeune femme a contracté une grossesse des œuvres de son petit ami. Ainsi, elle a décidé, de son propre gré, de mettre fin à la vie de l’être qui grandissait en elle. Elle en était à sa 19ème semaine de grossesse. Son désir de mettre fin à sa gestation lui fut fatale. Après l’expulsion immédiate de son fœtus, elle coupa le cordon ombilical avec un couteau avant d’envelopper son rejeton à l’aide d’un tee-shirt. Direction la plage où elle l’a enterré avant de revenir tranquillement à la maison croyant s’être débarrassée de ses ennuis. Malheureusement pour elle, ce n’était que le début de ses soucis. Car, un individu qui l’avait aperçue au moment où elle inhumait son bébé l’a dénoncée et a conduit les pandores chez elle.
La prévenue : «j’avais des douleurs abdominales et je croyais que c’étaient mes règles. J’ai pris un autre sirop pour dormir. J’ai pris trois fois le sirop. Soit deux cuillerées pour chaque prise»
À la barre du tribunal des flagrants délits, hier, la prévenue a réfuté les faits qui lui sont reprochés arguant n’avoir jamais été au courant de sa grossesse. À l’en croire, elle voyait toujours ses règles. Toutefois, elle confie à la barre avoir entretenu des relations sexuelles avec son petit-ami le jour de la korité. Revenant sur ses agissements qui ont provoqué son avortement, elle accuse les antibiotiques et le sirop somnifère qu’elle a bus le jour des faits. « J’avais des douleurs abdominales et je croyais que c’étaient mes règles. J’ai pris un autre sirop pour dormir. J’ai pris trois fois le sirop. Soit deux cuillerées pour chaque prise », se dédouane-t-elle. Poursuivant, elle renseigne que l’expulsion du fœtus est due au médicament traditionnel dénommé « soigne tout » qu’elle a ensuite pris.
Sœur de la prévenue : «j’ai vainement essayé de contacter notre mère. Vers 6h du matin, ma soeur a disparu. J’ignorais où elle était partie»
Présente au moment des faits, la sœur de la prévenue a été entendue à titre de renseignement. D’ailleurs, c’est elle qui lui a passé le couteau à l’aide duquel il a coupé le cordon ombilical. À l’en croire, elle était paniquée quand elle est tombée sur la scène. « J’ai vainement essayé de contacter notre mère. Vers 6h du matin, ma soeur a disparu. J’ignorais où elle était partie», a-t-elle expliqué.
Convaincu de la culpabilité de la prévenue, le maître des poursuites a requis 2 ans de prison ferme contre elle. À sa suite, le conseil de la prévenue a sollicité une application bienveillante de la loi pénale prétextant que sa cliente vit dans des situations difficiles. « Tantôt elle est chez son père, tantôt chez sa sœur. Elle a agi en enfant en voulant se débarrasser du bébé», a plaidé la robe noire. Finalement, le tribunal a reconnu la jeune dame coupable des faits d’interruption volontaire de grossesse avant de la condamner à une peine d’emprisonnement d’un (1) mois ferme.
Adja K. Thiam (Actusen.sn)