Après un report d’office prononcé le 16 avril dernier, le dossier de diffamation opposant Ousmane Sonko au ministre du tourisme, Mame Mbaye Niang sera jugé en appel, ce lundi 8 mai 2023. Dans cette affaire judiciaire à fort enjeu politique, le leader de Pastef avait échappé de justesse à une inéligibilité en première instance. Il avait été, en effet, condamné à deux mois de prison avec sursis et à verser 200 millions de francs Cfa à Mame Mbaye Niang en guise de dommages et intérêts.
Une décision attaquée par le parquet de même que le plaignant qui demandent une application stricte de la loi dans toute sa rigueur. Ousmane Sonko et son camp y voient une cabale savamment orchestrée pour le disqualifier, à tout prix, de l’élection présidentielle du 25 février 2024.
L’opposant joue encore son éligibilité dans ce deuxième round sachant que si la cour décide de corser la donne en lui infligeant une peine de trois mois avec sursis ou une amende supérieur ou égale à 200 mille francs -et que cette décision est confirmée en cassation-, le candidat de Pastef sera inéligible. Un enjeu de taille qui donne un cachet particulier à ce procès en appel à juste 9 mois du grand rendez-vous de 2024.
Conscient des risques, le maire de Ziguinchor, qui a décidé de ne plus déférer aux convocations d’une « justice aux ordres », a réitéré son appel à la résistance à travers une opération de désobéissance civique. De possibles tensions à Dakar et dans les régions de l’intérieur du Sénégal, ne sont pas à écarter ce lundi en cas d’inéligibilité de Ousmane Sonko.
Une situation que redoute la communauté internationale qui suit avec inquiétude la situation politico-judiciaire au Sénégal marquée par la double affaire Ousmane Sonko (procès en appel contre Mame Mbaye Niang du 8 mai et procès devant la chambre criminelle contre Adji Sarr le 16 mai). En atteste la réponse envoyée par la ministre française des affaires étrangères, Catherine Colonna aux deux députés français qui l’avaient saisi le 17 mars dernier sur la situation politique au Sénégal.
Se gardant de faire une quelconque ingérence, la patronne du Quai d’Orsay a tout de même fait part de son « inquiétude » « quant à l’accroissement des tensions à l’approche de l’élection de 2024 ».
En attendant de recevoir la décision de la Cour d’appel de Dakar, ce lundi 8 mai, le Sénégal retient son souffle.