Les témoignages sont glaçants. Ils viennent de parents endeuillés et de victimes de l’usage des suppositoires traditionnels, autrement appelés « boulettes ». Entre morts brutales, maladies graves comme l’AVC, l’insuffisance rénale, les crises cardiaques… Les récits s’accumulent, douloureux, dressant un tableau alarmant, rapporte L’Observateur.
Cinq jours d’utilisation. Cinq jours seulement ont suffi à Anta pour voir son corps se couvrir de boutons. D’abord discrets, ces derniers se sont rapidement transformés en abcès infectés. Dans un live de Miss Franchise, une influenceuse suivie par un nombre impressionnant de followers, la jeune femme décide de partager son calvaire, de livrer sa peine et de chercher des solutions à sa souffrance. Habituellement, les femmes appellent dans ce forum pour parler de leurs problèmes de couple ou dévoiler les secrets de leur chambre conjugale. Mais ce jour-là, le thème a changé.
La victime, au bout du fil, raconte son histoire sans fard. Avec une voix teintée d’émotion, elle explique avoir acheté des suppositoires censés augmenter le volume des fesses. L’achat a été motivé par les témoignages flatteurs postés sur la page TikTok d’une vendeuse. Elle et ses collègues de bureau, séduites par ces retours positifs, décident de tenter l’expérience. « Les premiers jours, j’ai constaté un léger changement physique, un début de transformation. Mais c’était une illusion », raconte-t-elle.
« Des boutons qui se transforment rapidement en abcès infectés, libérant un liquide jaunâtre »
Dès le cinquième jour d’utilisation, les premiers effets secondaires se manifestent. La jeune femme commence à remarquer l’apparition de boutons sur toute la surface de ses fesses. Des boutons qui se transforment rapidement en abcès infectés, libérant un liquide jaunâtre et dégageant une odeur nauséabonde. Paniquée par l’évolution de son état, elle se précipite à l’hôpital. Les douleurs deviennent insoutenables. Ce n’est qu’un symptôme parmi tant d’autres.
Astou qui s’est confiée à L’Observateur, tient à mettre en garde les autres femmes, dénonçant les dangers liés à ces produits vendus sans aucun contrôle sanitaire. Sa volonté de parler est motivée par l’urgence de sensibiliser les utilisatrices potentielles et de prévenir d’autres drames. Lorsqu’elle décrit la vendeuse et ses méthodes, ses propos font immédiatement écho au profil d’Alima, une commerçante arrêtée avant-hier pour vente illicite de suppositoires. Astou ne sera pas sa seule victime.
Les récits de femmes brisées par leur quête d’une silhouette rêvée se multiplient, selon L’Observateur. Beaucoup ont vu leur santé se détériorer à une vitesse effrayante, victimes d’infections sévères ou de complications internes dues à ces suppositoires fessiers. Les drames s’enchaînent : gangrènes, interventions chirurgicales en urgence, amputations, et même des décès. Dans les hôpitaux, les blocs opératoires deviennent le dernier refuge pour tenter de sauver celles qui arrivent dans un état critique.
« J’ai perdu ma femme à cause des boulettes… »
Sur les réseaux sociaux pourtant, la promotion de ces produits ne faiblit pas. Des influenceuses, exhibant des courbes parfaites et un déhanchement captivant, participent à ce marché d’illusions. À chaque publication, des milliers de femmes sont séduites par les promesses de transformation rapide. Mais derrière cette façade éclatante, ce sont des vies entières qui basculent, des familles qui pleurent des pertes irréparables.
« J’ai perdu ma femme il y a quelques jours à cause des boulettes et d’Oméga 3 », témoigne Malick dans une vidéo poignante, largement relayée sur TikTok. Ce mari brisé raconte les circonstances tragiques ayant conduit au décès de son épouse. Celle-ci, dans un désir insatiable de transformation physique, s’est secrètement tournée vers des produits de prise de poids : suppositoires, boulettes, Oméga 3, vendus discrètement sur les réseaux sociaux.
Inconscient de ces pratiques, le mari voit simplement sa femme, autrefois frêle, prendre rapidement du poids. « Un jour, un ami en visite chez moi a remarqué près de la poubelle des emballages suspects de comprimés. Il m’a immédiatement alerté sur leur danger. J’ai confronté mon épouse, mais elle a nié catégoriquement tout recours à ces produits. Malgré cela, son poids continuait d’augmenter jusqu’à ce que son état de santé se dégrade brutalement », confie-t-il à L’Observateur.
Les visites à l’hôpital deviennent de plus en plus fréquentes. La situation échappe rapidement au contrôle des médecins. Après des jours de lutte, l’épouse finit par succomber, laissant son mari dévasté. Profondément meurtri, il confie avoir décidé de s’en remettre à Dieu, au lieu d’entamer des poursuites judiciaires. « Je partage juste mon histoire pour mettre en garde d’autres femmes contre ces produits dangereux », indique-t-il.
Rouguiyata Diaw, sage-femme connue sous le pseudonyme DebboHealth, sensibilise sur les dangers des produits de prise de poids et suppositoires. Elle raconte à L’Observateur le cas de Fatou, une enseignante ayant souffert de graves effets secondaires après l’utilisation de suppositoires achetés auprès d’une vendeuse.
Victime de troubles respiratoires persistants et de douleurs abdominales, Fatou a été abandonnée sans assistance par la vendeuse. Grâce à une consultation médicale rapide, elle a évité le pire, mais conserve des séquelles.
Pour rappel, la police a fait une descente au Marché Zinc de Pikine suite à une alerte de pharmaciens sur les agissements de vendeurs de suppositoires pour fesses appelées boulettes. Sept (7) personnes dont A. Sow, alias Alima Suppo, célèbre sur Tik-Tok, ont été arrêtées.