Jeux de hasard et ramadan : les jeunes accros prient et parient en même temps

by amadou

Hors ramadan, des jeunes ne cessent de s’adonner aux jeux de hasard en ligne, histoire de se faire de l’argent. Pendant ce mois béni où tous les esprits se tournent vers Dieu, ces derniers continuent de rester connecter aux paris en ligne qui leur offre la possibilité d’amasser des gains faciles.

Le ramadan qui fait partie des cinq piliers de l’Islam reste et demeure la période la plus sacrée et la plus sainte du calendrier islamique. Ainsi, d’après plusieurs récits, il provient de l’arabe « Al Ramad » qui signifie « chaleur intense ». Du fait de la sainteté de cette période, il est recommandé à tous les fidèles musulmans de faire un retour à Dieu et de s’attacher au Très-haut par le jeûne, la prière et la méditation des paroles divines extraites du Coran. En revanche, certains, en dépit de cette sacralité, continuent à parier en ligne dans le but de gagner de l’argent. Dans la région de Ziguinchor, plusieurs jeunes n’hésitent pas à se lancer dans cette aventure douteuse. Ils parient et prient. Conducteur de vélo-taxi « Jakarta », A Thiam fait partie du lot de jeunes accros à ces jeux de hasard. Trouvé dans un garage mécanique au quartier Boucotte sud, ce « fin connaisseur » des championnats européens affirme qu’il ne peut pas rester une seule journée sans parier. Surtout, s’empresse-t-il d’ajouter, durant ces moments de football avec la Champions League et la Ligue Europa. Tient-il compte du mois béni de Ramadan ? Sa réponse est non ! Ce jeune conducteur de « Jakarta » n’y va pas par quatre chemins.

Il a sa propre philosophie et sa vision des choses. Et tout semble clair dans sa tête. « Je me lance dans ce jeu en ligne parce que j’y gagne de l’argent. Il arrive que je parie en mettant 3000 FCfa sur la table, et en misant sur plusieurs matches, pour ensuite gagner le double voire le triple. Je parviens à faire de petites économies pour pouvoir subvenir à mes besoins. Je trouve que c’est une excellente chose », se glorifie A Thiam. Au début de la conversation, le jeune Saloum-Saloum était un peu réticent. Cependant, il a fini par extérioriser toute sa pensée sans gêne. « Pour moi, tant que je n’ai pas volé l’argent, je considère que ce n’est pas un péché. C’est le vol qui est interdit par ma religion. Le vol est un péché et personne ne peut le nier. Mais, quand on parie avec notre propre argent pour récolter une somme supplémentaire, c’est loin d’être un péché », philosophe le jeune homme originaire de la région de Kaolack. Poursuivant, il affirme qu’il est prêt à continuer à parier pour gagner l’argent qui est mis en jeu.

Tout comme son camarade, C Badji, qui suit notre discussion de très près, indique qu’il n’y a rien de mal à parier pendant le ramadan pour gagner de l’argent afin de subvenir à ses besoins et même à ceux de ses proches. Lui également est devenu accro à ce jeu de hasard. « Il y a beaucoup d’argent dans ces jeux en ligne. Néanmoins, il arrive que je perde toute la somme que j’ai misée. Je sais que c’est un jeu de hasard très dangereux. Mais, il est difficile pour moi de m’en passer, même durant ce mois béni de ramadan, dans la mesure où ces paris peuvent nous rapporter beaucoup de sous. C’est un vrai gagne-pain », soutient C Badji.

Quand on devient accro à ce jeu, il est quelques fois difficile d’arrêter. En revanche, S Diallo, un autre conducteur de moto « Jakarta » veut mettre une croix là-dessus. Il souhaite tourner le dos à ces jeux de hasard qui contrôlent sa vie et celle de beaucoup d’autres jeunes. Pour lui, le ramadan est une belle transition. « Je n’ai pas touché une seule fois à mon application depuis le début du jeûne. J’ai constaté que j’étais devenu accro. Je souffre comme les autres. Un jour, je n’avais que 10.000 FCfa dans mon compte Wave. J’ai parié et perdu. C’est à ce moment-là que j’ai pris conscience de tout arrêter. La tentation est toujours là parce que je vois mes camardes jouer. Mais, j’ai pris la décision d’arrêter définitivement », insiste-t-il. A Ziguinchor, comme ailleurs, les jeux de hasard constituent un phénomène en pleine croissance. Ils maintiennent les parieurs dans la souffrance et la dépendance totales. Dans la capitale régionale du Sud, on continue à parier même pendant le Ramadan.

Gaustin Diatta (Correspondant)

LESOLEIL

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