L’affaire des 94 milliards de FCFA, qui secoue les sphères politiques et judiciaires depuis des années, entre dans une phase décisive. Comme le rapporte L’Observateur, les auditions tant attendues des mandataires de la famille Mbengue débuteront ce vendredi à midi devant les enquêteurs de la Division des Investigations Criminelles (DIC).
Cette saga, l’une des affaires politico-judiciaires les plus retentissantes au Sénégal, est au cœur des débats publics depuis les révélations explosives de l’ancien député Ousmane Sonko en 2019. Aujourd’hui, la justice semble prête à lever le voile sur des décennies de conflits fonciers, d’accusations de spoliation, et de possibles détournements de fonds.
Une bataille foncière qui remonte à 1978
L’affaire trouve ses racines dans un différend opposant les héritiers de feu Ousmane Mbengue, propriétaires du titre foncier TF 1451/R à Rufisque, à Djily Mbaye, un influent marabout et homme d’affaires décédé en 1991. À l’origine, ce litige portait sur une superficie de 275 hectares, dont 267 hectares immatriculés au nom des Mbengue et consorts.
Mais le dossier a pris une tournure nationale lorsque Ousmane Sonko a dénoncé une prétendue spoliation orchestrée par des hauts fonctionnaires de l’État, au détriment d’une famille modeste. Ces accusations, ciblant notamment deux anciens responsables du Cadastre et des Domaines, Tahibou Ndiaye et Mamour Diallo, ont amplifié la portée de cette affaire.
Des révélations troublantes
Comme le souligne L’Observateur, la plainte déposée par les avocats des héritiers Mbengue en octobre 2024 auprès du parquet financier s’appuie sur un rapport accablant de l’Office national de lutte contre la fraude et la corruption (OFNAC). Ce document met en lumière des détournements massifs de fonds opérés « à l’insu des héritiers » avec la complicité présumée de hauts fonctionnaires.
Par ailleurs, la plainte fait suite à la décision rendue sept mois plus tôt par le Tribunal de grande instance hors classe de Dakar, ordonnant la radiation d’une pré-notation sur le titre foncier contesté. Une victoire partielle pour les héritiers, mais qui n’a pas permis d’éclaircir l’utilisation de sommes faramineuses, prétendument détournées par des structures ou individus tiers.
Une justice sous pression
Avec l’entrée en scène de la DIC, l’enquête s’accélère. Vendredi, cinq mandataires de la famille Mbengue défileront devant les enquêteurs pour apporter leur version des faits. Mais ce n’est qu’une première étape dans une procédure qui pourrait impliquer de nombreux acteurs influents, parmi lesquels des hauts fonctionnaires de l’ancien régime, des personnalités politiques et même des guides religieux.
L’affaire des 94 milliards met en lumière des pratiques troublantes dans la gestion des affaires foncières au Sénégal. Les révélations sur des transactions opaques, des détournements présumés, et l’implication de figures de l’État suscitent des interrogations sur la transparence des institutions.
Un dossier qui divise l’opinion publique
Depuis les premières révélations, l’affaire a polarisé l’opinion publique. D’un côté, ceux qui voient en Ousmane Sonko un lanceur d’alerte courageux ; de l’autre, ceux qui dénoncent une manipulation politique.
Pour L’Observateur, la vérité se rapproche, mais des zones d’ombre demeurent : qui sont les véritables responsables de ces détournements ? Quels intérêts politiques et financiers sont en jeu ? Alors que la justice s’apprête à creuser plus profondément, cette affaire pourrait, à terme, rebattre les cartes au sein des sphères économiques et politiques du pays.
Affaire à suivre de près.
dakaractu