Le Pool judiciaire financier (PJF) a rejeté les cautions de Farba Ngom et Tahirou Sarr après la saisie par l’État des fonds présentés en garantie. Selon L’Observateur, plusieurs dizaines de milliards de F Cfa ont été retrouvés dans leurs comptes, une version formellement démentie par les avocats du maire des Agnam, qui évoquent seulement 20 millions retrouvés.
La raison du rejet des cautions de Farba Ngom et Tahirou Sarr par le Pool judiciaire financier (PJF) semble être sans ambiguïté : l’État a saisi une grande partie de l’argent qu’ils avaient mis en garantie, par le biais de mesures conservatoires. Selon L’oBservateur qui parle de sources judiciaires bien informées sur cette affaire de blanchiment présumé de 125 milliards de F Cfa, plusieurs dizaines de milliards de F Cfa ont été retrouvés dans leurs comptes bancaires respectifs.
Juridiquement, en matière de détournement de deniers publics, un prévenu peut bénéficier d’une liberté provisoire assortie d’un contrôle judiciaire, à condition de fournir une caution correspondant au montant supposé détourné. Cependant, dans le cas de Farba Ngom et Tahirou Sarr, qui avaient cautionné respectivement 34 milliards et 419 milliards de F Cfa (25 milliards et 394 milliards), la situation s’est compliquée. Ils ont été rattrapés par la loi communautaire sur le dispositif de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme dans l’Uemoa, qui stipule : « Au plan des actions coercitives, la loi uniforme prévoit des sanctions administratives et pénales applicables aux personnes physiques et morales, ainsi que des mesures conservatoires susceptibles d’être prises par le juge d’instruction. Il s’agit, notamment, de la saisie ou de la confiscation des biens en relation avec l’infraction de blanchiment. »
Les avocats de Farba Ngom ont catégoriquement démenti les allégations selon lesquelles des milliards auraient été saisis. Selon leur version, seuls 20 millions de F Cfa ont été retrouvés dans les comptes de leur client. Cette déclaration entre en totale contradiction avec les informations provenant de sources judiciaires, qui confirment des confiscations bien plus importantes dans le cadre de cette enquête sur le blanchiment de capitaux, selon le journal.
Tahirou Sarr, le TF de Mbane expertisé à 394 milliards et la défense devant le juge
Comparaissant hier, vendredi, devant le Collège des juges d’instruction, l’homme d’affaires Seydou Sarr, alias Tahirou, a pris le temps de détailler longuement la provenance de ses revenus. Devant le président du Collège, le magistrat instructeur Idrissa Diarra, il a fermement cité que sa fortune est d’origine licite et qu’elle est entièrement traçable. Sa société, Sofico, mentionnée dans le rapport de la Cellule nationale de traitement des informations financières (Centif), est spécialisée dans l’intermédiation, le commerce, et surtout dans le rachat de créances. Des sources judiciaires ont indiqué que le site de Mbane a été acquis par Tahirou Sarr grâce à un financement bancaire, dans le cadre de ses activités de rachat de créances.
Pour étayer ses propos, Tahirou Sarr a présenté devant les juges une série de documents et de décisions de justice, prouvant que les paiements reçus provenaient bien du Trésor public. En réalité, c’est pour soutenir son ami, le député-maire d’Agnam, Farba Ngom, que le patron de Sofico, Tahirou Sarr, avait pris les devants. La veille de son interrogatoire devant le Pool judiciaire financier, il avait mis à la disposition du Collège des juges un chèque certifié de 11 milliards de F Cfa émis par la Banque Atlantique, ainsi que deux titres fonciers d’une valeur de 25 milliards de F Cfa, pour lesquels il est poursuivi dans un premier dossier, révélé par la Centif.
Cependant, la situation de Tahirou Sarr ne s’est pas arrêtée là. Après cette première affaire, il a été confronté à un deuxième dossier concernant une information judiciaire ouverte par le Pool judiciaire financier, portant sur des accusations d’escroquerie sur des deniers publics, d’association de malfaiteurs, et de blanchiment de capitaux, estimés à 91,6 milliards de F Cfa. Pour se tirer d’affaire, il a mis à la disposition du Pool financier un titre foncier (TI) situé à Mbane, expertisé à 394 milliards de F Cfa.
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