Soumise au feu roulant des questions des enquêteurs de la Division des investigations criminelles, Tabaski Ngom, ancienne agente comptable de la Commission de régulation du secteur de l’énergie, a avoué avoir pillé les caisses de l’institution. L’inspectrice du Trésor a même révélé le stratagème qui lui a permis de retirer 766 740 000 FCFA des comptes de la Bgfi et de la Cbao, selon des informations exclusives rapportées par L’Observateur.
C’est un véritable casse, orchestré avec une précision de maître(sse), que Tabaski Ngom aurait réalisé dans les comptes de la Commission de régulation du secteur de l’énergie (Crse). Agent comptable du Trésor, en poste depuis seulement le 15 avril 2024 à la Crse, elle aura réussi, en à peine sept mois, à piller les caisses de cette institution. Unique signataire des comptes ouverts dans les livres de la Bgfi, de la Cbao et de la Bicis, elle avait mis en place un stratagème de retraits-commissions en collaboration avec son principal acolyte, Mor Guèye, patron des entreprises Sen Setal et Webcom Sen, rapporte L’Observateur.
En garde à vue à la Division des investigations criminelles (Dic), depuis jeudi, l’agent comptable a fini par céder pour passer aux aveux. Les enquêteurs de la Dic, maniant leur tactique avec habileté, ont fini par faire parler la suspecte. L’interrogatoire, mené avec une finesse redoutable, a rapidement porté ses fruits. Sous la pression des accusations, Tabaski Ngom a craqué émotionnellement, dévoilant dans les moindres détails le stratagème qu’elle employait pour siphonner les fonds des comptes bancaires en question. L’Observateur révèle que Tabaski Ngom aurait expliqué que, pour sortir ces sommes colossales, elle émettait des chèques à l’ordre de son principal complice, Mor Guèye, qu’elle désigne sans détour.
Grande nouveauté dans ses déclarations : l’inspectrice du Trésor a avoué que, pour chaque retrait au nom de ses entreprises Sen Setal et Webcom Sen, une commission a été versée. Tabaski, qui aurait tout dévoilé aux enquêteurs, a juré avoir remis une partie de l’argent à l’ancien ministre Moustapha Diop, devenu député de la 15e Législature, pour sa campagne électorale lors des Législatives anticipées du 17 novembre 2024. L’Observateur indique également que Tabaski Ngom aurait reconnu que le préjudice total s’élève à 766 740 000 FCFA, comme mentionné dans la lettre-plainte déposée par Moustapha Niane, président de la Commission de régulation du secteur de l’énergie. Un montant colossal détourné des comptes de l’institution sans aucune autorisation du Président Niane.
Flairant qu’elle allait être arrêtée, Tabaski Ngom avait, à son tour, porté plainte contre le ministre Moustapha Diop, à Dakar, et son acolyte Mor Guèye, à Mbour. Ce dernier, Directeur général des entreprises Sen Setal et Webcom Sen, arrêté mardi dernier par la Brigade de recherches de Saly avant d’être transféré à Dakar sur demande du Parquet financier, avait lourdement enfoncé l’inspectrice du Trésor. Entendu par les gendarmes, Mor Guèye avait dévoilé une version inattendue des faits. Selon lui, Tabaski Ngom, loin d’être la victime qu’elle prétend, lui aurait remis des chèques pour qu’il les dépose, non pas dans les comptes de la Crse, mais bien dans ceux de ses propres entreprises, Sen Setal et Webcom Sen, comme rapporté par L’Observateur.
Poussant son argumentaire encore plus loin, Mor Guèye affirme que le montant total des chèques s’élevait à 681 millions de FCFA, mais que Tabaski Ngom lui aurait signifié qu’une partie de la somme (243 millions) était destinée au député-maire Moustapha Diop pour le financement de sa campagne électorale lors des Législatives de 2024. Mor Guèye soutient avoir déposé 150 millions de FCFA dans le compte indiqué par Tabaski Ngom, mais affirme également avoir remis à l’inspectrice, main à main, les 288 millions restants. Cependant, il avoue que cette transaction s’est déroulée sans témoin ni la moindre décharge, une imprudence qui alourdit les zones d’ombre dans cette affaire déjà complexe.
Malgré ses explications et ses dénégations, Mor Guèye n’a pas échappé à la loi. Tabaski Ngom, qui est encore en garde à vue à la Dic, ne compte pas avoir meilleur sort. Selon des informations de L’Observateur, elle sera déférée lundi devant le Parquet du Pool judiciaire financier.
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