Dans sa plainte, la mairie de Guédiawaye, Ahmet Aidara soutient que son secrétaire général, qui établissait l’acte d’engagement, s’est trompé en laissant le numéro du compte de la société Sotrel de l’entrepreneur Ibrahima Ndao, ce qui fait que le Trésor a viré l’argent dans son compte par erreur.
Un soupçon de scandale financier éclabousse la Ville de Guédiawaye. La Brigage de Recherche de Keur Massar en charge du dossier après avoir reçu un soit-transmis du parquet de Pikine-Guédiawaye, enquête sur l’affaire. Que s’est-il passé?
Tout est parti d’un virement par défaut de 79 millions 986 mille francs CFA du Trésor public dans le compte de l’entrepreneur Ibrahima Ndiaye. «Cette année, explique Ahmet Aïdara, nous avons lancé un appel d’offres pour la livraison de fournitures scolaires d’un montant de 79 millions 983 mille 300 francs CFA que devait réaliser l’entreprise Comptoir commercial Dabakh. Étant donné que l’année dernière on avait le même marché avec la société Sotrel dont la personne moral est le sieur Ibrahima Ndao, le secrétaire général Babacar Gaye, qui établissait l’acte d’engagement, s’est trompé en laissant le numéro du compte de la société Sotrel, ce qui a fait que le Trésor public a viré l’argent dans son compte par erreur», a confié le maire de Guédiawaye.
Il précise que l’entrepreneur les a contactés pour les informer qu’il ne comprenait pas. « C’est ainsi que nous lui avons dit que c’était une erreur étant donné que nous étions dans la période de fêtes de fin d’années, qu’il peut attendre le 2 janvier 2024 pour qu’on puisse savoir de quoi il en est réellement. Mais, à notre grande surprise, nous avons appris qu’il émis plusieurs chèques pour retirer l’argent », a déclaré Ahmet Aidara.
Une version taillée en pièces par l’entrepreneur, qui s’est livré à un vrai déballage. « Je suis opérateur économique et dans le cadre de mes activités, j’ai eu à réaliser des prestations au profit de la Ville de Guédiawaye. Quid des prestations supposées ? Ibrahima Ndao cite, notamment, 654 lampadaires (71 940 000 F CFA), 500 poulets (2 millions), 6 tonnes de dattes (14 millions), 9 tonnes de sucre (9,9 millions), des travaux dans le bureau du maire (2 millions) et dans son domicile (9,5 millions). L’entrepreneur évoque aussi des remises d’espèces à Ahmet Aïdara (7 millions, 15 millions, 4 millions, 2,5 millions, 500 000, 10 millions à un de ses proches nommé Oumar Sy…).
Il poursuit : « Cet argent est mon dû. J’ai aussi réfectionné la maison du maire à sa demande et je lui ai remis de l’argent en espèce dans son bureau et à son domicile ».
Il rembobine : « La ville de Guédiawaye devait me payer un montant de 135 millions FCFA. Donc l’argent versé dans mon compte est mon dû », a confié l’entrepreneur aux enquêteurs. Mais le maire de Guédiawaye se défend : « il ne m’a jamais rien donné, ni en main propre, ni par intermédiaire. Je lui demande de sortir des preuves. »
Il indique que tout se faisait «sur la base de la confiance». « Il n’y avait jamais d’écrit, appuie l’entrepreneur. Ce n’était que des marchés de gré à gré, en présence de témoins. C’est après avoir versé le premier acompte que Oumar Sy m’a envoyé ces documents, donc je viens de savoir que la Ville avait monté un dossier fictif. »
Malgré tout, l’entrepreneur a été placé en garde à vue et déféré au parquet. Inculpé, l’entrepreneur Ibrahima Ndao est sous bracelet électronique.
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