K. Diallo, neveu d’une célèbre autorité, a été placé sous mandat de dépôt pour le délit de violence et voie de fait sur Gabrielle Kane et injures non publiques. C’est sur ces entrefaites qu’il a été attrait, ce lundi, devant la barre du tribunal des flagrants délits de Dakar. Selon la plaignante, elle ne connaît même pas le prévenu. « Un jour, il m’a envoyé un message montrant une photo d’un jeune homme malade. Par la suite, il m’a traitée de p… de la République. J’ai appelé un de ses frères pour lui demander de lui dire d’arrêter. Ses sœurs se sont rendues à mon lieu travail et ont tenu une réunion avec mon boss. Il était même question de me verser de l’acide. Après avoir tenu ses propos, il a dit qu’il ne va rien lui arriver parce qu’il est le neveu de… . Il a proféré des menaces de mort à mon endroit. Il a aussi dit souma paré si yaw di nga gnibi France… », a raconté Gabrielle Kane.
Cependant, le prévenu a contesté les faits avant d’expliquer que la plaignante indiquait à travers les médias que c’est à cause de sa sœur qu’elle a été licenciée. « Sur ce, j’ai cherché son numéro dans le but de lui intimer l’ordre de laisser ma sœur tranquille. Elle a ensuite envoyé un message à ma sœur Kadia pour lui dire qu’elle m’a remis 1 million. Ce qui est faux. La plaignante a traité mes sœurs même qui sont mariées d’être des infidèles. C’est ce qui m’a mis en rogne et j’ai riposté », a dit le prévenu qui, a reconnu devant le juge d’avoir injurié la dame. Toutefois, il soutient qu’il ne détient aucune vidéo compromettante d’elle.
Procureur : « Être le neveu d’une autorité ne va pas vous tirer d’affaire »
Prenant la parole lors du jugement, le procureur a laissé entendre : « ce que vous avez fait, c’est extrêmement grave. Être le neveu d’une autorité ne va pas vous tirer d’affaire ». Le juge a pris la balle au rebond en affirmant : « nous sommes dans une République. Ce n’est pas la propriété du père de quiconque. Si c’était entre deux femmes je ne serais pas gêné (…) ». Après avoir écouté le tribunal, le prévenu a présenté ses excuses à la plaignante sur demande de son avocat. « Je vous demande pardon et je présente aussi mes excuses à la plaignante. On est 150 personnes dans notre cellule et j’ai beaucoup souffert là-bas », a-t-il dit. La partie civile a accepté les excuses avant de se désister. Invitée à faire son réquisitoire dans cette affaire, la déléguée du procureur a déclaré qu’il ne fait l’ombre d’aucun doute que les faits reprochés au prévenu sont établis. « Il a reconnu avoir traité la plaignante d’anthropophagie. Il en est de même des menaces de violence et voie de faits », a-t-elle soutenu. Compte tenu du désistement de la partie civile et du mea culpa du comparant, la déléguée du procureur de la République a requis une peine d’emprisonnement de 1 mois dont 15 jours ferme.
Avocat : « il n’a pas agi de la sorte parce qu’il est le neveu de… »
De son côté, la défense a plaidé coupable. « On comprend la dame parce qu’elle a souffert. Ce n’est pas normal pour une femme de supporter ce genre d’agissements. Mais mon client aussi a souffert en prison. Il est jeune. Il n’a que 24 ans. C’est une erreur de jeunesse », a plaidé Me Barro. Son confrère de la défense Me Mouhamadou Moustapha Dieng a embouché la même trompette en indiquant qu’il n’a pas agi de la sorte parce qu’il est le neveu de… c’est juste une erreur. « Ce qui s’est passé avec la dame c’est un mal venu. Depuis son arrestation, il ne fait que regretter son acte. Il est victime de son élan filiale. Il voulait protéger sa sœur. Il ne faut pas suivre le parquet dans ses réquisitions. Parce que le condamner à 15 jours ferme c’est plomber son avenir », a dit l’avocat qui a plaidé pour une application extrêmement bienveillante de la loi. En rendant sa décision, le juge a confié au prévenu que : « mieux vaut être poli que d’être fougueux ». Ensuite, il l’a déclaré coupable avant de le condamner à une peine d’emprisonnement d’un mois assorti du sursis.