Les prévenus Fatoumata Sow alias Mame Diarra Niang demeurant à Touba et Yoro Mballo dit Yoro Sow ont comparu, ce 23 décembre, aux flagrants délits pour répondre des délits de complicité d’escroquerie. Ils ont tous deux (2) été entendus devant la barre de la chambre correctionnelle du tribunal de grande instance de Dakar pour avoir aidé la mineure Maïmouna Sow dite Oumou dans l’accomplissement de son forfait, une usurpation d’identité.
Cette dernière qui a été entendue dans le fond du dossier n’a cependant pas été jugée car sa comparution est programmée, ce vendredi, devant le tribunal des mineurs.
Les faits n’ont rien à envier aux films Nollywoodiens, tellement, les scènes, faits et gestes dépassent l’entendement. Il fallait prendre part à l’audience pour se rendre compte de l’audace des prévenus considérés comme une bande d’arnaqueurs.
Tout est parti d’une liaison amoureuse que la dame Fatoumata Sow alias Mame Diarra Niang aurait actée entre sa nièce Maïmouna Sow dit Oumou et le sieur Lahad Diop, plaignant dans cette affaire.
Devant la barre, ce dernier a rappelé le fond du problème.
« J’ai connu Fatoumata Sow à Touba et elle me vouait une considération pour certains gestes que je faisais à son endroit. Un jour, elle m’a vanté sa fille (nièce) Maïmouna avec qui, elle a fini par me mettre en rapport. Elle m’a fait croire que cette dernière vivait au Etats-Unis, précisément à Washington. Nous avons commencé à échanger sur WhatsApp et s’en est suivie une relation amoureuse des mois après. J’ai senti le besoin de la marier sans jamais douter de rien », a expliqué Lahad Diop qui explique cependant avoir misé sur les moyens pour que le mariage se fasse entre lui et Maïmouna.
« Elle m’a fait croire qu’elle était médecin et me demandait de lui procurer du crédit tous les 5 jours pour un montant qui, globalement, devrait avoisiner les 4 millions Fcfa. Tout ceci pour lui permettre de bien préparer le mariage. En vérité, j’ai dépensé plus de 7 millions Fcfa depuis le début de notre lien en 2018. On devait se marier courant 2021 », a dit l’amoureux. Lahad qui n’a vu la nymphe qu’à travers des photos que celle-ci lui envoyait prendra son mal en patience lorsque Maïmouna lui annonça son retour à Dakar alors que tout n’était que mensonge.
« Elle m’a fait croire qu’elle avait pris un billet pour venir en m’indiquant à cette période qu’elle résidait au King Fahd Palace. On a pas pu se voir pendant une semaine, elle me joint pour m’informer qu’elle est repartie pour une urgence liée à son travail. C’est en ces moments que j’ai aussitôt arrêté de lui envoyer de l’argent parce que je commençais à sentir des choses pas nettes dans cette affaire », a confié face au juge, la partie civile.
Interpellé par le juge sur les raisons l’ayant conduit à agir de la sorte envers la fille, il clarifie.
« Maïmouna m’envoyait des photos d’une fille nommée Josiane Rita Valéra (Fatima alias Valérie) en me faisant croire que c’est elle. Ce sont les mêmes photos que j’ai transféré à son oncle Yoro Mballo dit Yoro Sow qui me précisa que ce n’était pas la Maïmouna alias Oumou Sow qu’elle connaissait. J’étais totalement découragée quand j’ai vu la vraie photo de la fille et j’ai décidé de porter plainte », s’est-il justifié.
Entendu uniquement pour mieux tirer au clair le dossier, la mineure Maïmouna Sow alias Oumou âgée que de 16 ans a témoigné devant la barre et charge sa tante comme étant la principale responsable.
« Fatoumata dit Mame Diarra Niang et ma mère sont soeurs. C’est elle qui m’a donné le numéro de Lahad pour une liaison amoureuse. Lahad m’a envoyé de l’argent plus de 6 fois. Tout l’argent a transité par moi. Je n’ai pas calculé la totalité des sommes mais je sais que le plus grand montant qu’il m’a transféré s’élève à 300.000 Fcfa », a dit la jeune voilée qui a cependant été contrainte de s’expliquer sur les photos de Josiane qu’elle utilisait pour son propre compte.
« C’est Fatoumata qui m’a remis la photo de Josiane Rita Valera que j’ai envoyé à Lahad. Elle m’instruisait des ordres que je ne pouvais pas refuser, elle me disait qu’elle allait s’en prendre mystiquement à ma personne le cas échéant. Je lui remettais les sommes que Lahad m’envoyait », a confié Maïmouna dit Oumou.
La cinquantaine, considérée comme le cerveau de la bande, Fatoumata dit Mame Diarra Niang n’en a pas l’air. Face au juge, elle a totalement nié son implication dans le délit d’escroquerie contre sa nièce.
« Quand jai connu Lahad, je l’ai estimé c’est pourquoi je lui ai proposé de le mettre en rapport avec ma grande sœur Oumou qui vit à l’étranger. Depuis que je lui ai remis le numéro, je n’ai plus jamais eu de leurs nouvelles. », a-t-elle déclaré en livrant sa version sur les sommes d’argent envoyées par le plaignant.
« Lahad ne m’a jamais remis une quelconque somme d’argent. Le jour où il m’a dit qu’il envoyait de l’argent à Oumou, je lui ai demandé de ne pas le faire. Je lui ai personnellement créé des problèmes et je lui demande pardon parce que je l’ai mis en rapport avec Oumou », dira-t-elle.
La cour qui n’a pas voulu la lâcher a poursuivi son interrogatoire en l’invitant à s’expliquer sur l’achat d’un téléphone en faveur de Maïmouna dit Oumou et une puce avec un numéro privé que cette dernière utilisait pour commettre son forfait.
« Je lui ai acheté un téléphone portable et une puce parce que je suis sa mère et j’avais ce droit car je ne lui voulais que du bien. Je lui ai présenté Lahad. Je lui ai également présenté Yoro », a-t-elle confié.
Poursuivi pour complicité, Yoro Mballo alias Yoro Sow a pour sa part souligné les raisons de son implication dans cette affaire.
« C’est Lahad qui m’a appelé pour me parler de sentiments envers Oumou après que celle-ci m’a contacté grâce à Fatoumata pour me demander de lui faire valoir d’oncle car étant amoureuse et qu’elle préparait son mariage. J’ai magnifié l’initiative et j’ai prié pour que Dieu la facilite. C’est ainsi que Oumou m’a remis le numéro de Lahat mais je ne l’ai jamais appelé, c’est lui-même qui m’a jointe. Dans les faits, je n’ai jamais vu Oumou. On ne s’entendait que par WhatsApp. Après 5 ans, Lahad est revenu me dire que Oumou et Fatoumata ont usé de manœuvres pour l’escroquer », a dit à la barre Yoro Mballo alias Yoro Sow.
Josiane Rita Valéra qui s’est constituée partie civile dans cette affaire, a commis un avocat pour exprimer le préjudice subi avec l’utilisation de son image par les prévenus notamment Fatoumata et Oumou Sow.
« On a affaire à des malfaiteurs et des mercenaires pour porter atteinte à ma cliente en usant de manœuvres pour soutirer de l’argent au sieur Lahad. Pendant 4 ans, ils ont agi pour appâter un homme en utilisant l’image de ma cliente. J’invite la cour à les condamner à la hauteur des délits commis et je réclame 5 millions Fcfa en guise de dommages-intérêts », a plaidé le conseil de Josiane.
Le maitre des poursuites a, pour sa part, qualifié la bande d’escrocs. Selon le procureur général, Fatoumata a utilisé sa nièce en violation grave de la loi.
« Les éléments constitutifs du délit d’escroquerie sont constants. Maïmouna a reçu instruction de Fatoumata pour agir. Les faits sont assez graves et méritent d’être réprimés à la hauteur de leur gravité », a relevé le magistrat. Il a requis 2 ans d’emprisonnement dont 1 an ferme contre toute la bande.
Les avocats de Lahad Diop ont évoqué la réunion de plusieurs éléments prouvant la matérialité du délit d’escroquerie. Pour eux, tout a été orchestré par Fatoumata alias Mame Diarra Niang qui trompe facilement à première vue.
« Lahad a craqué devant la photo de Josiane que les enquêteurs eux-mêmes considèrent comme une nymphe. Yoro qui a joué le rôle d’oncle est tierce certificateur dans ce délit d’escroquerie parce qu’ayant servi de médiateur dans les rapports entre Oumou et Lahad. L’arnaque est bien établie », ont fait savoir les conseils. Ils ont tous invité la cour à retenir les prévenus dans les liens de la détention et ont réclamé le versement de 10 millions Fcfa pour le préjudice subi par leur client.
La defense qui n’avait pas d’avocat risque gros dans dans cette affaire qui a été mise en délibéré au 30 décembre prochain…
Dakaractu