À ce jour, 12 912 jeunes âgés de 17 à 27 ans, habitant dans les communes de Golf sud, Sam notaire, Wahinane Nimzat, Niarème Limamoulaye et Gounass, dans le département de Guédiawaye, n’ont pas été déclarés à la naissance, d’après les statistiques fournies par « Touche pas à ma sœur », une Association initiatrice du projet de loi contre le refus de paternité. Parmi eux, 2450 sont des victimes de refus de paternité, 3776 de faux extraits de naissance, et 6686 de négligence parentale.
« Une situation catastrophique qui abrège de facto l’avenir radieux pour des centaines d’entre eux qui ont choisi le chemin de l’école, sans oublier ceux qui excellent dans bien des métiers sans carte nationale d’identité », dénonce Ismaila Kamby, président de ’’Touche pas à ma sœur ».
Parmi les victimes, Fallou Diawara, 18 ans, et élève en classe de 1ère, témoigne : « je serai candidat l’année prochaine. Je n’ai pas encore de papier légal car ma mère dit que mon père avait refusé de me déclarer à ma naissance. Voilà pourquoi, elle avait cherché par d’autres voies à me procurer un extrait de naissance. Cependant, c’est cette année que je me suis rendu compte que le numéro n’a pas été enregistré dans les registres de l’état civil. Ça me fait mal est que je n’ai jamais redoublé de classe ; vous pouvez demander autour de moi, j’ai toujours été parmi les dix premiers avec une moyenne minimale de 13/20. J’aime les études et je prie Dieu de m’aider à devenir Président du Sénégal pour aider ma mère, ma grand-mère. Je remercie aussi monsieur Ismaila KAMBY Président de « Touche pas à ma sœur », il m’a offert des fournitures scolaires.
« J’ai perdu une année »
« Abibatou Diallo est mon nom et je suis en classe de terminal. Moi, j’ai eu un extrait de naissance légal par une procédure au tribunal, avec l’aide et soutien de « Touche pas à ma sœur ». Posez la question à ma mère et vous verrez que je travaille très bien à l’école. Parfois quand je pense que j’ai perdu une année sans partir à l’école à cause d’extrait de naissance, j’ai vraiment mal. D’ailleurs, InshAllah, je ferai tout pour devenir médecin pour soigner les personnes qui sont malades et démunies, gratuitement », a appuyé la jeune fille de 21 ans.
« Mon père ne veut pas me voir », pleure Jean Baptiste Gomis, 23 ans
« On me surnomme Messi comme le grand joueur, je marque des buts et distribue de bonnes passes. Sur le terrain, je suis suivi par deux défenseurs. Je sais là où habite mon père mais lui ne veut pas voir. Pourtant, on se ressemble lui et moi comme deux gouttes d’eaux. Un jour, il est venu suivre mon match avec une école de football et lorsque je l’ai aperçu à la mi-temps, il a vite fait de disparaitre avant même la fin du match. J’en ai parlé à ma mère mais qui ne m’a rien dit jusqu’à présent. Si je réussi au football, je vais soutenir ma mère et mon père, même s’il refuse de me parler ou de me recevoir. C’est lui mon père et tout ce que je lui demande, c’est de me déclarer ou de me donner la photocopie de sa carte d’identité pour que je puisse avoir mon papier d’état civil. C’est mon droit. »
Autre victime, autre histoire poignante, celle de Fatoumata Diaby. Agée de 25 ans, elle est réduite à rester à la maison du fait de la négligence de ses parents. « J’ai été interdite de passer l’examen du bac car on m’a fait comprendre que je détenais de faux extraits et pourtant c’est avec ce document que j’ai passé les examens de l’entrée en sixième et BFEM. Actuellement, je reste à la maison sans rien faire et je vous signale que je n’ai jamais redoublé de classe. Les preuves sont là, mes bulletins et les corrigés de mes copies. Vous croyez que c’est normal ? Je m’en remets à Dieu, peut être que je suis destinée à autre chose mais j’ai la ferme conviction que je pouvais réussir à l’école. Je n’ai rien contre mes parents, ils ne sont pas fautifs, ils n’ont pas eu la chance de fréquenter l’école donc ignorent tout de l’état civil ; wayé Yalla Bax neu (Dieu est Grand) », a-t-elle confié.
EMEDIA